Redresser les coups tordus
Ainsi, lorsque monsieur Montebourg, le sémillant ministre du Redressement Productif s’active à redresser jour après jour ce qu’il y a de plus tordu et parfois sous les bravos de ceux qui ont cru entendre un groupe d’exilés chiliens jouant à la flûte de pan synthétisée le Condor qui passe et repasse, on n’arrive quand même pas à oublier la sueur qui nous coule dans le dos après les annonces fiscales Hitchcockiennes qui nous rappellent que le facteur qui amène la note n’a pas encore sonné une seconde fois… Un exemple : on sait que l’automobile a du mal à redémarrer, apparemment c’est le stop qui l’emporte sur le start. « Il faut aider la filière auto » explique-t-on avec moult mouvements de manches et de menton.
C’est bien, on a l’impression que quelqu’un a compris la situation. Du moins le fameux ministre qui doit redresser le bazar. Mais dans le même temps, son chef, disons le Premier Ministre, nous avertit que le projet de loi de finance va mettre un coup de booster au malus, histoire de nous décourager d’acheter autre chose qu’un vélo, et encore, pas celui d’Armstrong qui vous permet de grimper le col de la Faucille comme un marteau. Achetons certes, mais du modeste.
Bientôt un crédit pour payer le malus…
Ainsi, le malus d’une « banale » Peugeot 308 en boîte automatique passerait de 750 à 1.500 euros, il vous en coûtera 2.600 € de malus pour un Dacia Duster essence version 4X4 (le SUV compact actuellement le plus vendu en France), soit 20% de son prix d’achat, quant à la coqueluche du moment, le Nissan Qashqai en version essence, 4X4 et boîte automatique, il serait « malussé » à 5.000 € ! Il va falloir monter des dossiers de crédit juste pour payer le malus en 48 mois.
Réponse d’en face : c’est pour encourager les Français à acheter des autos propres, électriques par exemple. Eh oui, papa, maman, la bonne et moi tous dans une Twizzy à Carlos et en route pour les vacances à 47 km du Périphérique !
En fait, pour faire encore plus d’argent sur le dos des automobilistes, le gouvernement a décidé d’élargir le champ d’application du malus en abaissant les tranches, ce qui revient à dire que ce même malus va désormais concerner plus de 20% des véhicules neufs, des véhicules souvent achetés par des familles nombreuses qui ne peuvent faire autrement.
Quand on sait que l’automobile est l’outil de mobilité essentiel à l’activité économique du pays, accroître la pression fiscale sur ce secteur est absolument contreproductif, voire stupide et criminel. Et surtout, qu’on ne vienne pas nous dire d’acheter un modèle diesel qui sera moins « malussé », car là on parlera d’encouragement à rouler « sale ».
Posture et réalité
Là aussi il faudra bien un jour aller au bout de la logique : oui, le gazole est plus dangereux que l’essence pour la santé, oui, c’est un carburant qui coûte très cher à raffiner, oui, nous nous sommes coupé un bras en France en produisant massivement des véhicules diesel dont le reste du monde (hormis quelques pays européens) ne veut pas. Oui, l’hypocrisie est totale lorsque le ministre du Redressement Productif nous parle d’une filière auto à sauver alors que ses collègues prennent des mesures fiscales qui vont la mettre davantage en danger.
Bien sûr, l’automobile électrique a un bel avenir, mais on sait qu’elle ne concerne pas forcément tous les automobilistes. Et qu’il faudra du temps pour convaincre.
Notre Premier Ministre, qui a indubitablement des dons de voyance puisqu’il est capable d’annoncer l’avis du Conseil Constitutionnel le matin de sa réunion du soir, devrait être capable de prédire l’avenir de nos exportations automobiles pour la durée de son mandat. Au moins, aurions-nous le temps de corriger les grosses erreurs à venir…
Le moteur a explosion fut inventé il y a cent cinquante ans par un Allemand au nom prédestiné, Otto. Le bobard à répétition a son héros au nom prédestiné, Ayrault.
Et là c’est bien la réalité qui a balayé la posture.
F. Hurt
LE CHRONIQUEUR
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