Gil est un peintre reconnu, qualifié un temps d'Edward Hopper indien. Son sujet préféré, sa muse, est sa femme Irène. Il l'a peinte de toutes les façons, dans toutes ses incarnations : mince et virginale, jeune fille, femme enceinte, dans des poses sages ou parfois franchement pornographiques. Il a donné à ses oeuvres son nom : America 1, America 2... Sa série est très célèbre et fait l'objet d'expositions. Entre Gil et Irène il y a toujours eu quelque chose d'électrique, autrefois elle posait pour lui avec enthousiasme. Elle l'a aimé de tout son coeur et lui a donné trois enfants, mais Gil est un père violent et les enfants craignent ses réactions. Irène a cessé de l'aimer et devient peu à peu alcoolique, elle n'en finit plus d'écrire sa thèse. Elle s'éloigne et fait tout pour l'éloigner d'elle. Gil donne vie à son chagrin dans ses tableaux, il y met sa rage, ils deviennent plus forts. Il est jaloux, en cachette il lit le journal que tient sa femme. Lorsqu'elle s'en aperçoit, elle décide d'en écrire deux. Le numéro un, c'est un Memento journalier à couverture rouge et cartonnée semblable à ceux où elle écrit depuis la naissance de leur premier enfant, elle le cache au fond d'un vieux classeur métallique, c'est celui-ci qu'il a découvert et lit afin de savoir si elle le trompe. Le numéro deux, son véritable agenda est bleu et elle le cache dans un coffre à la banque. La découverte de la violation de ses écrits provoque un sentiment de rejet, presque de haine. Dépossédée d'elle-même par l'étalage de sa chair dans les tableaux, de ses pensées intimes par cette lecture volée, grâce à son agenda rouge, elle le trompe sur ses sentiments, le manipule.
Une histoire sombre, tragique, un très beau roman fort et oppressant.
LE CHRONIQUEUR
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