Combien de divisions ?
Sur le papier, l’UDI ne fait pas pitié, une trentaine de députés, autant de sénateurs et une dizaine de présidents de conseils généraux, sans oublier que l’UDI est aussi composée de plusieurs partis politiques, le Parti Radical de Borloo bien sûr, le Nouveau Centre de Hervé Morin, la Gauche Moderne de Jean-Marie Bockel, l’Alliance Centriste de Jean Arthuis, le CNIP représenté par le député Gilles Boudouleix, ou encore la Force Européenne Démocrate de Jean-Christophe Lagarde. Bien sûr, ces formations sont modestes en divisions, mais chacune possède ses réseaux et dans la situation actuelle de l’UMP, il ne fait aucun doute que l’activité va redoubler, notamment auprès des médias.
Mais de là à pronostiquer qu’à l’avenir l’UMP ne sera plus qu’une force d’appoint lors des prochaines échéances électorales, c’est sans doute prématuré, pour ne pas dire prétentieux. N’oublions pas que ces « nouveaux centristes » ont encore un adversaire pile au milieu, un autre centre, le MoDem d’un certain François Bayrou.
Si Jean-Louis Borloo ambitionne, comme il le dit, de ne plus être « le condiment mais le plat principal », à savoir tout bonnement revendiquer le leadership de l’opposition, il lui faut espérer une réelle cassure de l’UMP en deux formations distinctes, une UMP canal historique menée par Copé, et une UMP refondée sous la houlette de Fillon. Mais ça, et c’est absolument prévisible, Nicolas Sarkozy ne le laissera pas faire.
Alors, bien sûr, Borloo avance avec des sondages en main, des sondages qui nous expliquent que 50% des adhérents de l’UMP souhaitent une alliance avec le FN, et 50% une alliance avec l’UDI. Mais ce n’est pas nouveau. Demandez à Chirac, il a trimballé ce dilemme durant des années, y compris avec son vieux RPR. Cela ne l’a pas empêché de gagner deux fois, tout comme Sarkozy en 2007.
Le centre
Dans l’histoire de la 5ème République, il y a quand même un précédent à cette situation que Borloo appelle de ses vœux, elle date de 1974, lorsque Jacques Chirac entraîna avec lui un bataillon de parlementaires pour soutenir Giscard d’Estaing contre le gaulliste Chaban-Delmas. Certes le centriste remporta la présidentielle, mais le parti gaulliste (UDR à l’époque) n’éclata pas pour autant.
De plus, Fillon n’est pas Chirac, et il parait peu probable qu’il puisse rejoindre Borloo juste pour faire tomber un éventuel candidat officiel de l’UMP… en 2017. Il n’aurait pas fait tout ça pour ne pas jouer sa propre carte !
Subséquemment, on pourrait alors en conclure que l’UDI ne sera pas le paradigme de l’union heureuse entre le centre et la droite centriste… qu’on pourrait appeler le centre droit, un truc qui existe déjà dans l’organigramme de l’UDI. Bref, on tourne en rond. Retour à la case départ.
En fait, même si l’UDI enregistre quelques adhésions consécutivement aux douleurs de l’UMP, le grand bénéficiaire de l’opération risque bien de se trouver, non pas à la gauche de l’UMP mais à sa droite, car lorsque la droite ne va pas bien ce n’est pas le centre le grand bénéficiaire, mais la droite extrême.
On le voit, sans la moitié des voix de l’UMP, Jean-Louis Borloo ne peut envisager le leadership de l’opposition, ou alors ce sera avec un bon tiers des électeurs du Parti Socialiste qui pourraient être séduits par le discours et le programme du parti centriste. Mais pourquoi ne l’ont-ils pas été avec Bayrou qui, globalement, annonçait la même politique ?
Mais après tout, peut-être sommes-nous en train d’assister aux répétitions d’un grand bouleversement qui conduira en enfer les grands partis de pouvoir de ces trente dernières années, UMP et PS. Et là, Borloo a toutes ses chances s’il n’est pas entraîné lui aussi dans la tourmente…
J. Nimaud
LE CHRONIQUEUR
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