N°5 de Laubade
Un grand numéro présenté dans un flacon élégant par le Château de Laubade des Vignobles Lesgourgues (33240 Cadillac en Fronsadais), seule maison à avoir reçu le titre de « World Class Distillery » pour son Armagnac.
Gascogne, Gers et Bas Armagnac sur le GPS pour vous parler de la plus ancienne eau-de-vie de vin travaillée ici avec passion par la famille Lesgourgues, et de ce fameux « Intemporel N°5 », le flacon haute couture issu d’un assemblage de quatre cépages des meilleurs millésimes du Château dont certains affichent plus de cinquante ans d’âge. Il faut savoir que la maison possède un stock de 2.800 barriques, le plus important de l’appellation.
« Intemporel N°5 » est la mesure étalon de la puissance maîtrisée de nez en bouche, ce qui permet à ce Bas Armagnac d’aller au-delà de toute idée reçue en matière de longueur. Difficile de l’oublier puisqu’il poursuivra son œuvre après l’ultime dégustation qui aura pu accompagner un gâteau chocolat-marrons aux oranges confites. Un dessert qui fera ressortir la majesté de cet élixir gascon à travers les arômes de fruits secs, cacao et épices rares (95,00 € départ cave).
Vin de paille
Chardonnay, Savagnin et Poulsard nous ont donné rendez-vous là où l’hiver n’a pas l’habitude de faire de la figuration, au cœur du Jura, à Arbois précisément où la famille Rolet travaille depuis soixante ans ses vins parmi lesquels Vin Jaune et Vin de Paille occupent une place de choix. Et c’est ce dernier, l’Arbois Vin de Paille 2005 que nous allons vous conseiller pour vos desserts de fêtes. Naturellement liquoreux, il tapisse le verre de son nectar imprégné du passage récent des fruits secs et confits, du miel et de la figue, comme si le soleil avait eu raison des frimas de la région. Le plaisir sera soit immédiat, soit pour… 2042 car on nous le dit, ce Vin de Paille pourra rester en cave durant trente ans. Il est vendu 22,50 € la bouteille de 37,5 cl par le Domaine Rolet Père & Fils (39600 Arbois).
Des rouges avec du caractère
CHATEAU FOURCAS DUPRE
« Les Hautes Terres » millésime 2004, voici la cuvée spéciale « Family reserve » mise en bouteille par le Château Fourcas Dupré (33480 Listrac Médoc), la réponse idéale « à tous les gens qui n’ont pas la chance de pouvoir conserver des vins dans des conditions optimums » comme le souligne Patrice Pagès, propriétaire de ce magnifique domaine qui porte haut les couleurs de l’appellation Listrac-Médoc depuis le milieu du 19ème siècle, une appellation surnommée « le toit du Médoc » puisqu’on se trouve ici en altitude, pensez donc, 43 mètres !
Issu d’un assemblage Cabernet Sauvignon et Merlot (avec 2% de Petit Verdot et un soupçon de Cabernet Franc), ce rouge tendance grenat est un distributeur agréé d’épices rares, de fruits très mûrs, de réglisse et de chocolat. Et ce millésime 2004 a l’expérience pour lui, il n’attend plus que vous, même si ces « Hautes terres » sont aptes à vieillir encore quelques années (14,00 €).
CHATEAUX LESTRUELLE ET MAISON BLANCHE
La Maison Bouey (33440 Ambarès et Lagrave) nous invite à déguster ses Médoc Cru Bourgeois issus de deux châteaux : le Château Lestruelle, propriété de 22 hectares regroupés au « pays du milieu » et son rouge 85% Merlot (et Cabernet Sauvignon) au nez pétaradant de fruits noirs annonçant une subtilité toute en douceur et onctuosité, le souvenir d’un chocolat tendrement amer n’y sera pas étranger, voici un vin généreux qui siéra à un carré d’agneau bien aligné dans l’assiette (8,50 €)… Quant au Château Maison Blanche, il nous propose un 80% Merlot avec des tanins puissants mais remarquablement disciplinés, avec des arômes de cerises, prunes et vanille qui vont former une écorce de douceur aux bois fins rappelant une dernière balade en forêt de septembre. Un vin que l’on préfèrera carafer avant de le servir en accompagnement d’une viande rouge (8,50 €).
MAISON RIGAL
« L’Instant Truffier » est pile de saison, la truffe est dans tous ses états et ça va durer jusqu’en février, et ce 100% Malbec de la Maison Rigal (46140 Parnac) est né dans le même jardin que ce champignon d’exception. Cahors et Quercy même combat, et ce que nous offrent ces terrasses dominant la Vallée du Lot ne peut qu’être béni des dieux : fruits rouges et épices pour le côté exotique (après tout le Lot est exotique vu du Pas-de-Calais… et l’inverse !), voici un rouge bien posé sur son fil, tannique, plutôt charpenté, un vin très comme il faut en appellation IGP Côtes du Lot (4,00 €).
ORTAS – CAVE DE RASTEAU
Avec « Les Hauts du Village 2009 » voici l’occasion d’un petit détour par le Vaucluse et Ortas – Cave de Rasteau (84110 Rasteau) avec ce haut de gamme composé quasiment à égalité entre Mourvèdre, Grenache et Syrah. Robe grenat, presque noire, des fruits confits avant le dessert et avant cette fin un brin réglissée, une fin qui n’en finit plus, et personne ne s’en plaindra car ce rouge est d’une rare élégance, et c’est sans doute la touche d’un savoir-faire que l’on doit à des Grenache parfois âgés de 80 ans et plus. C’est dire si les heures de soleil ne se comptent plus sous les galets encore brûlants. A conseiller avec des magrets et confits de canard accompagnés de petites pommes de terre sautées : inoubliable ! (13,90 €).
DOMAINE BRUSSET
Pas très loin d’ici se dressent les Dentelles de Montmirail, et juste en dessous l’appellation Gigondas. « Tradition le Grand Montmirail 2011 », c’est justement le Gigondas du Domaine Brusset (84290 Cairanne), Grenache à 70% avec Mourvèdre, Syrah et Cinsault, un cousin très proche du Châteauneuf dont il partage les qualités et caractéristiques, robe foncée, arômes de fruits rouges et noirs et d’épices, une consistance plutôt charpentée avec des tanins vifs et une fin de bouche persistante… et enivrante dans le bon sens. Un séducteur qui mettra à sa botte un agneau à la provençale ou un fromage « terreux » comme le Saint-Nectaire (15,00 €).
CHATEAU VENTENAC
Pas très loin il y a les célèbres remparts de Carcassonne, nous sommes à Ventenac au cœur du Cabardès, appellation récente (1999) qui a la particularité d’associer les cépages méditerranéens comme Syrah et Grenache, aux cépages atlantiques Merlot et Cabernet. Un mariage de raison entre le soleil de la journée et la fraîcheur de la nuit, entre une certaine rigueur de l’ouest et la frivolité du sud, sans oublier des influences climatiques qui subissent quelques diktats venus des Pyrénées et de la Montagne Noire. Et pourtant nous découvrons des rouges qui, certes connaissent la dureté d’un terroir, mais qui sont des modèles de rondeur et de bienveillance comme ce « Château Ventenac Grande Réserve 2009 » des Vignobles Alain Maurel (11610 Ventenac), souple et généreux et qui vous surprendra par ses richesses aromatiques (9,80 €).
Un trio d’Alsace
Et un trio bien élevé par la Cave des Vignerons de Pfaffenheim (68250 Pfaffenheim). Premier vin, un Pinot Noir, un vin « né d’une légende » nous dit-on, une légende mettant en scène le diable et une chapelle, d’où son nom, « la Griffe du Diable ». Attention, il ne s’agit pas d’un classique Pinot Noir d’Alsace, mais d’un grand festival aromatique précédant quelques séquences rarissimes avec un rouge alsacien : boisé délicat, poivre et chocolat pour ouvrir les papilles, un peu de vanille, la puissance en plus, l’harmonie est finalement… diabolique. Du grand art à seulement 11,95 € la bouteille.
Les deux autres vins de la Cave de Pfaffenheim sont des blancs réunis sous un même nom, « Ancestrum », une cuvée qui n’est proposée que les bonnes années.
Duo Ancestrum avec « Pinot Gris 2010 » dit le diamant jaune d’Alsace, un diamant couleur or au nez complexe, racé, avec de la minéralité et de la fraîcheur qui feront merveille avec un poulet aux morilles (ce sera le Vin Jaune d’Alsace !) car nous sommes ici entre un blanc sec et une vendange tardive (16,00 €).
Et nous retrouverons Ancestrum avec le « Gewurztraminer 2011 », ample et puissant, un brin majestueux, avec toujours l’indispensable fraîcheur qui va contenir le côté capiteux qui pourrait alourdir l’effet, en clair un blanc que l’on destinera au foie gras, aux Saint-jacques et au gâteau au chocolat (16,00 €).
Des vins blancs pour tous les mets
Ils accompagneront fruits de mer, poissons, viandes, fromages, desserts, ils seront excellents pour l’apéritif, et ils viennent eux aussi de toutes les régions…
Nous venons d’entamer le sujet avec l’Alsace, restons-y encore un instant pour déguster ce Riesling « Les Murailles 2008 » de la maison Dopff-Irion (68340 Riquewihr), un blanc habillé entre jaune et vert, agrumes et fleurs, avec cette minéralité authentique, le vin indissociable d’un plateau de fruits de mer (11,30 €).
En Val de Loire, quatre arrêts programmés : le premier à Sancerre pour le Sancerre 2011 de la Maison Ackerman (49410 Saumur), un blanc sec né sur un terroir vieux de près de quinze siècles et que l’on réserve traditionnellement aux coquillages, homards et crottins de chavignol… et avec raison (9,50 €).
Le deuxième blanc nous entraîne au pays du Muscadet avec le « Master de Donatien Bahuaud 2009 », un Muscadet Sèvre et Maine sur lie 100% Chenin (chez Ackerman), doré, frais, ostensiblement agrumes dans le verre, toujours frais, plutôt long en bouche avec une conclusion légèrement maritime, il sera parfait en apéritif et bien sûr avec quelques huîtres (4,50 €).
Le troisième sera un Coteaux du Vendômois « Vieilles Vignes 2011 » de Patrice Colin (41100 Thoré la Rochette), là encore c’est le Chenin qui l’emporte dès le premier tour avec 100%, mais c’est une certaine onctuosité qui le différenciera du précédent, avec aussi son côté minéral. Pour lui, on ira chercher un poisson en sauce (7,80 €).
Quant au quatrième blanc du Val de Loire, il sera Chinon et s’appellera « Les Chanteaux 2011 », encore un 100% Chenin, élevé lui par Couly-Dutheil (37500 Chinon), un blanc à la robe dorée, aromatique, sec, léger, on le dit à la « bouche fruitée » et on a raison de le souligner, c’est un vin élégant, sympathique, que Rabelais l’enfant du pays aurait pu choisir pour accompagner sa sole meunière (11,50 €).
Rive droite du fleuve Rhône, à quelques lieues de Vienne l’antique capitale des Gaulles, voici Condrieu, appellation d’exception qui se situe entre la Côte Rôtie et Saint-Joseph, c’est dire si le coin vaut le déplacement. Un Condrieu 2010 du Domaine du Chêne 100% Viognier. La robe est pâle avec des reflets dorés, on découvre les arômes de fleurs et de fruits secs (notamment l’abricot, l’enfant du pays), c’est un vin rare, très riche, on peut le dire capiteux mais sans excès, on le réservera pour un foie gras ou une poularde aux truffes (28,00 € par les Vignerons de Rasteau et de Tain l’Hermitage à 84110 Rasteau).
« Altaïr 2009 » Côtes du Roussillon Villages, c’est l’assemblage Grenache blanc et gris et Maccabeu du Mas Amiel (66460 Maury), un blanc à emmener avec vous si vous décidez d’aller vous planquer sur le Bugarach en attendant la fin du monde… d’autant que vous pourrez peut-être apercevoir de là-haut les vignes d’Olivier Decelle. « Altaïr » est un grand vin né de ce brassage naturelle qui voit s’affronter la rudesse d’un terroir, la violence des vents, les frimas des Pyrénées voisines et la douceur méditerranéenne. Un terroir qui produit de véritables phénomènes qui pourraient concurrencer les plus prestigieuses étiquettes en dégustation dite à l’aveugle. On réservera donc à ce Mas Amiel les meilleurs mets de fin d’année avec répétition générale dès l’apéritif (18,50 €).
Fin de cette balade en blanc avec un vrai méditerranéen, le « Château de Pampelonne 2011 » en Côtes de Provence, présenté par les Maîtres Vignerons de la presqu’île de Saint-Tropez (83580 Gassin), un blanc issu de Rolle et Ugni Blanc, vif et minéral, à servir avec des fruits de mer (10,90 €)… et un atlantique, le « Bordeaux Blanc 2010 » d’Antoine Moueix (33330 Saint Emilion), 100% Sauvignon, à la robe jaune pâle, un professionnel de l’agrume de nez en bouche, on l’aimera pour sa fraîcheur et ses aptitudes à s’associer avec des poissons et des viandes blanches (12,00 €).
LE CHRONIQUEUR
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