De la brutalité des propos
Ce « système profondément injuste et brutal » avait donc un bras armé sur place, si je puis utiliser ce terme, un séide qu’il a d’ailleurs fallu rapatrier dare-dare au début des années soixante, ceux que l’on a appelé ici les Pieds Noirs. Nul doute que la communauté a dû apprécier les propos du Président de la République.
« Injustes et brutaux » ceux qui ont fait ce pays, avec les autochtones, génération après génération, qui ont bâti, travaillé, cultivé, commercé, éduqué, qui ont fait la prospérité de cette terre, colonisée certes, mais pas forcément de façon systématiquement brutale. Les mots de 2012 ne peuvent être en adéquation avec la réalité et la vérité de 1952, voire de 1962. Il n’y avait pas les gentils-gentils d’un côté et les méchants-méchants de l’autre. Il y avait, le plus souvent, les mêmes gens et le même peuple, avec un même passé et une même envie de poursuivre l’aventure ensemble. Mais il y a cinquante ans, Russes et Américains ne pouvaient admettre que la puissance de la France se vît en Afrique, y compris en Afrique du Nord !
Disons-le à la place de notre Président que le politiquement correct de notre époque rend autiste, la France a apporté énormément sur cette terre d’Afrique du Nord (et d’Afrique Noire), son savoir-faire, ses compétences en matière de médecine, de recherche, d’industrie, d’agriculture, ses ingénieurs, ses bâtisseurs, ses éducateurs et ses fonctionnaires, voilà toute l’injustice et la brutalité de gens souvent modestes qui savaient vivre en harmonie avec leurs voisins… d’un même pays.
Mais voilà, il faut réécrire l’histoire avec des mensonges, ces mensonges qui deviendront petit à petit les vérités historiques de demain, celles que les prochaines générations prendront pour argent comptant, ce qui permettra très vite de justifier tous les repentirs et toutes les lâchetés, et cela même au titre de la déconstruction de la France aux yeux du monde.
A qui cela profitera-t-il ?
Attend-on d’un Président de la République autant de mépris, quand il ne s’agit pas de haine, envers ceux qui ont écrit une histoire avec honneur et honnêteté dans un pays qui était alors le leur et qu’on leur a demandé brutalement et injustement peut-être de quitter du jour au lendemain, une main devant une main derrière ?
Après le ton insultant du président Bouteflika à l’Assemblée Nationale en 2000 face aux parlementaires français et ce sous le règne de Jacques Chirac, c’est au tour de l’actuel locataire de l’Elysée de reprendre le flambeau du mépris envers ces Français dits d’Algérie, Pieds Noirs et Harkis. Mais quelle idée de la dignité voulons-nous laisser en mémoire, combien de temps encore allons-nous battre notre coulpe pour tout le mal que nous n’avons pas fait et tout le bien que nous avons fait ?
Quel étrange pays que le nôtre où la classe politique est sans cesse à la recherche d’une régénérescence morale vis-à-vis d’un passé où il ne serait question que des infâmités nationales que l’on exposerait à la vindicte populaire ?
Quel étrange pays que le nôtre où le seul fait d’être Français, Chrétiens et fier de l’être serait déjà une insulte envers les peuples opprimés… par nous évidemment. C’est comme si ces gens n’avaient qu’une idée en tête, faire prospérer la famille Le Pen, et si vous en doutez, reportez-vous à la promesse faite par François Hollande, lors de cette même visite de décembre, de faciliter les conditions d’obtention des visas pour les Algériens. Au FN on se frotte les mains !
J. Nimaud
LE CHRONIQUEUR
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