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Hollande chef de guerre au Mali

13/01/2013
L’intervention des forces aériennes françaises au Mali illustre à la perfection le gouffre qui sépare les bobards d’une campagne électorale et la dure réalité du pouvoir, il faut un jour ou l’autre franchir ce Rubicon comme un César !
Avec François Hollande, on le savait et ses alliés Joly, Mélenchon, Mamère et compères, y veilleraient, la France ne s’immiscerait plus dans des conflits qui ne la concernent pas, retrait d’Afghanistan et annonce du démontage du bureau de la « France-Afrique » furent les promesses d’un beau mois de mai…

 

 

 

Huit mois plus tard

Huit mois plus tard, François Hollande se transforme en chef de guerre aux portes de cette Algérie qu’il vient de visiter et où il a rappelé à quel point notre présence là-bas fut « brutale et injuste ».

Aux portes de l’Algérie car le Mali a ses plus grandes frontières avec ce pays et la Mauritanie. De plus, le calife d’AQMI, Abdelmalek Droukdel, est citoyen algérien.

Maintenant que l’on a évacué le côté « je vous ai bien raconté n’importe quoi pour me faire élire » et que l’on fait abstraction des violentes réactions qu’une telle intervention initiée par Nicolas Sarkozy auraient déclenchées de la part de la gauche, doit-on approuver cette décision ? Oui, trois fois oui !

Oui, parce que nous agissons en l’occurrence avec un mandat et à la demande de la CEDEAO (pays de l’Afrique de l’Ouest) et du président malien, Oui, parce qu’il y a urgence à stopper l’avancée des islamistes dans cette région (et l’Algérie n’est pas à l’abri d’un retour de feu de son côté de la frontière), et oui enfin parce que si Bamako tombe c’est la Côte d’Ivoire, le Niger, le Sénégal, le Burkina Faso et la Guinée qui basculeront dans la guerre.

Et on notera avec satisfaction – en espérant que le Parti Socialiste retiendra cette attitude responsable – que l’UMP, par les voix de François Fillon et Jean-François Copé, soutient sans condition la décision prise par François Hollande, même Marine Le Pen a donné quitus au Président. Seuls le Front de Gauche et certains écolos, Jean-Luc Mélenchon et Noël Mamère en tête, n’approuvent pas, ce dernier tapant fort sur le Président de la République en s’étonnant que « Hollande reproduise les mêmes méthodes que son prédécesseur. » Mais cela s’appelle peut-être tout simplement gouverner ?

 

Effets collatéraux ?

Alors bien sûr, on peut aussi s’inquiéter du sort de nos otages apparemment retenus dans cette région, on peut s’inquiéter également de certaines réactions ici en France de la part de jeunes apprentis djihadistes de nos banlieues, on peut aussi se demander pourquoi, paraît-il, l’état-major des armées n’était pas favorable à une telle intervention ? Autant de questions qui trouveront une réponse simple et efficace avec la mise hors de nuire rapide de ces islamistes du Sahel. Mais ce ne sera pas si simple car ils sont bien armés, très mobiles, bien entraînés, et surtout copieusement financés, entre autres par ce cher Qatar qui n’investit pas que dans le football et les hôtels cinq étoiles.

La guerre peut s’enliser, c’est le pire scénario, celui d’une guérilla interminable et coûteuse en vies et en moyens, avec tous ses effets collatéraux sur notre territoire et dans nos relations avec certains pays.

Faut-il accepter une partition du Mali avec le gouvernement reconnu par les instances internationales au sud à Bamako,  et un territoire indépendant, l’Azawad, au nord, dirigé par les islamistes entre autres… ou bien reprendre le nord très vite afin de sauver le sud ? On le sait, un état djihadiste en Afrique de l’Ouest serait la pire des solutions car il servirait alors de base officielle à tous les mouvements salafistes et autres promoteurs de la charia de la région. C’est peut-être aussi pour cela que les Etats-Unis ont décidé d’apporter un soutien logistique (avec notamment la présence de drones) à la coalition. Mais il faudra se presser de conclure positivement car on dénombre la présence de milliers de Français au Mali, ce pays né de l’indépendance du Soudan en 1960, une ex-colonie française où, sans doute et comme le rappellerait si bien François Hollande, nous avons dû être « injustes et brutaux ».

 

Jean-Yves Curtaud

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