Côté patients, ce sont les 20/64 ans qui ont représenté la plus forte densité de clients avec 51%, suivaient les 65/79 ans avec 25%, les moins de 20 ans avec 13%, et les plus de 80 ans avec 12% des séjours, mais eu égard au vieillissement de la population, la progression de cette tranche d’âge est constante (+ 4,4% en un an), et ce dans toutes les régions sauf l’Alsace, l’Auvergne, la Corse ou encore le Limousin. Doit-on en conclure que l’on vieillit en meilleure santé sur ces territoires… ou que l’offre hospitalière est moindre ?...
Régions toujours, c’est en Ile-de-France que l’activité hospitalière est la plus élevée avec 17,6% du total national, suivent Rhône-Alpes (9,5%) et PACA (8,6%). Rien d’étonnant, ces chiffres collent à la réalité démographique. On trouve ensuite le Nord-Pas-de-Calais (6,6%) et les Pays de la Loire (5,6%).
Le top 10 des pathologies
Les dix Catégories Majeures de Diagnostics (CMD) représentant à elles seules 74% des séjours en 2011, se répartissaient ainsi : en premier les affections du tube digestif (15,2%), puis suivaient dans l’ordre, les affections et traumatismes musculaires et du squelette (11,2%), les affections de l’appareil respiratoire (9,4%), les grossesses pathologiques et accouchements (6,5%), les affections du système nerveux (6%), les affections concernant les oreilles, le nez, la gorge, la bouche et les dents (5,5%), les affections de l’œil (5,3%), les affections de l’appareil respiratoire (5%), les prématurés et affections de la période prénatale (4,9%), les facteurs influant sur l’état de santé et autres motifs de recours aux services de santé (4,9%).
Accès aux soins
Depuis quelques années, l’accès aux soins est souvent dénoncé, manque de moyens, de personnels et de structures. On évoque les déserts médicaux après la fermeture de petites structures dites « non rentables » ou plutôt dangereuses eu égard à leur faible activité. Cette politique des soins dite avec effet comptable a ses partisans et ses détracteurs, mais il est clair qu’il faudra encore faire des économies si l’on veut sauvegarder ce fameux modèle français d’accès aux soins quasiment totalement pris en charge par notre Sécurité Sociale.
Bien sûr, on peut contester la fermeture d’une maternité ou d’un hôpital « presque de campagne », voire l’ensemble de cette politique comptable en la matière, ce que d’ailleurs a récemment fait le député socialiste du Rhône le professeur Jean-Louis Touraine, rappelant «qu’il ne saurait être question de sacrifier la solidarité sur l’autel de la rigueur ». En clair, pas question de soumettre l’hôpital public à une obligation de rentabilité. Pourtant, c’est bien le gouvernement dont il est l’un des soutiens, qui réclame encore des efforts pour réduire le déficit de la Sécurité Sociale et qui annonce cinq milliards d’économies à faire, principalement sur le médicament (et on notera que pour la première fois en 2011 le générique était en recul !) et sur les transports (d’où la récente grogne des taxis qui refusent l’ouverture à la concurrence).
En Clair, la Loi de Financement de la Sécurité Sociale (ou LFSS) pour 2013 poursuit l’effort de réduction des déficits engagé par le précédent gouvernement. Par contre, il y aura bien un coup d’arrêt à la convergence tarifaire entre public et privé.
On notera également, dans ce rapport de l’ATIH, la légère amélioration de l’état de santé des cliniques, même si 35% d’entre elles sont en déficit et 72% n’ont pas les moyens de lancer de nouveaux investissements.
Quid de la solidarité ?
Si le professeur Touraine refuse que l’on « sacrifie la solidarité sur l’autel de la rigueur », il pourra se rassurer en observant le tableau par région de la proportion de patients bénéficiaires de la CMU et ayant donc accès aux soins totalement gratuitement. Si le taux de CMU moyen en France est de 6,6%, on peut constater des écarts entre régions allant de 1 à 9. Ainsi, quand Bretagne, Corse, Pays de Loire, Alsace et Rhône-Alpes sont à un taux de CMU compris entre 3,6 et 4,6%, Guadeloupe, Martinique, Guyane et territoires de l’Océan Indien se situent entre 23,6 et 35% de bénéficiaires de la CMU. Au milieu, pile à la moyenne nationale l’Ile-de-France et la Picardie (de 6 à 6,5%), et au-dessus, PACA (7,4%), Languedoc Roussillon (9,2%), et le Nord-Pas-de-Calais (9,9%).
Un constat évident, les régions où la proportion de CMU est la plus forte sont celles où le chômage touche davantage les populations.
Et en ces temps de crise et hausse de ce même chômage, sans oublier les flux importants de réfugiés politiques et autres demandeurs d’asile, la fixation à + 2,7% du taux de croissance de l’objectif national d’assurance maladie risque de ne pas être avérée, même si du côté des établissements hospitaliers la politique de rationalisation des coûts se poursuit.
F. Hurt
LE CHRONIQUEUR
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