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Mali : gare à l’enlisement hors de prix

15/01/2013
63% des Français approuveraient l’intervention de nos forces armées au Mali (selon l’IFOP), et parmi eux 77% de sympathisants socialistes, 68% du Front de Gauche, 63% à l’UMP et 53% au Front National. Comme dirait l’autre, je ne vais pas pouvoir continuer à écrire cet article car les bras m’en tombent ! Nous voilà avec plus d’électeurs à gauche qu’à droite pour faire la guerre. Comme quoi Panurge a bien développé son système de franchises, c’est inéluctable, le chef a parlé, le chef a raison, on suit le chef.
Et pourtant, il parait que chaque jour de présence là-bas coûterait environ 400.000 euros, rien qu’une heure de Rafale est facturée 27.000 euros au contribuable, ce même contribuable qui est prêt à faire 12 km pour payer son gasoil 5 centimes moins cher qu’en face de chez lui.

 

 

Une guerre hors de prix

Déjà, avec bientôt 2.500 hommes sur place, des Mirage, des Rafale, des hélicoptères et toute une escouade d’engins motorisés, plus la logistique, plus la popote et les imprévus, nous devons être bien au-delà du million d’euros quotidien. Avec 400.000 € on fera juste voler les quatre Rafale trois ou quatre heures, et le compte sera aussi sec que le réservoir !

Au fait, sommes-nous là-bas pour empêcher les troupes islamistes de prendre Bamako ou avons-nous réellement la volonté de débarrasser le Mali de ces groupuscules djihadistes ? Ce n’est pas la même chose et il faudra prévenir tout le monde ici à la maison. Car des Mirage et des Rafale – quand même ce qui se fait de mieux dans le genre – pour dézinguer des convois de pick-up, cela a peut-être un côté un tantinet disproportionné…

On aimerait également que les voisins du Mali s’impliquassent rapidement et massivement – y compris l’Algérie qui vient de fermer sa frontière avec le Mali -, il y va aussi de leur future sécurité. Mais il est vrai que presque tous sont aux prises avec des conflits intérieurs, que ce soit au Niger, au Nigeria, au Tchad, en Guinée, en Côte d’Ivoire (qui accueille déjà la force Licorne) au Darfour, au Congo ou encore au Burkina Faso. Ce qui sous-entend donc qu’il ne faudra pas trop compter sur eux. Pas plus que sur l’Europe qui, fidèle à sa tradition « niniste », va tenter d’éviter les mauvais coups dans cette affaire.

Alors oui, François Hollande a eu raison de passer outre ses promesses électorales qui faisaient de la non-intervention quasi un dogme et surtout un socle de millions de voix terriblement efficace, surtout après le retour de la France dans l’Alliance Atlantique et l’intervention en Libye initiés par son prédécesseur. Mais bon, on le sait, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent et y croient.

Oui, il fallait intervenir, il aurait même fallu y aller au printemps dernier, en pleine campagne présidentielle que n’aurait-on pas entendu sur les bancs de la gauche !

Reste à savoir si nous avons les moyens de tenir longtemps côté budget, la présence active des forces armées à plusieurs milliers de kilomètres de nos bases est vite un gouffre abyssal. Et la période n’est pas aux dépenses imprévues.

De plus, si ça traîne, la France sera vite le centre des critiques les plus violentes, y compris de la part de pays africains qui applaudissent aujourd’hui, et si on rend son intégrité territoriale au pouvoir de Bamako, à savoir jusqu’aux frontières algérienne et mauritanienne, ce qui est souhaitable, il est fort probable que le conflit se déplacera dans un pays voisin du Mali. Demandez aux financiers de ces guerriers et trafiquants multicartes, ils ont certainement déjà un plan B.

Par contre, nous savons d’expérience avec le précédent libyen qu’il ne faudra laisser aucune arme sur place, pas même un pistolet à bouchon ou un lance-pierre.

 

Jean-Yves Curtaud

 
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