« Manet est moderne, c’est entendu, mais simplement parce qu’il peint des scènes de la vie moderne. Il reconstitue la vie qu’il observe autour de lui. » Frédéric Vitoux, de l’Académie Française, s’interroge en introduction de son livre sur ce qu’est la modernité supposée – si ce n’est obligatoire ! – d’un artiste. Faut-il être moderne aux yeux de ceux qui pensent pouvoir faire ou défaire une réputation pour seulement exister ? Faut-il être moderne pour inventer ? Pour l’auteur, pas de doute c’est non : « S’il fallait à tout prix attribuer un qualificatif à Manet, on adopterait le mot exactement contraire. Non pas Manet inventeur du moderne, mais Manet inventeur du passé. » C’est dit.
Alors allons donc voir ce monsieur Edouard Manet qui nous a laissé plus de quatre cents œuvres parmi lesquelles une « belle » partie figure aujourd’hui au catalogue du Musée d’Orsay sous la houlette et la cadence de ce sublime « joueur de fifre » datant de 1866.
Celui que l’on voit comme l’un des pères de l’Impressionnisme, peintre du dehors à l’instar de ses contemporains qui décidèrent de sortir des ateliers pour représenter, pourquoi pas, quelque « déjeuner sur l’herbe », était l’ami de Zola, de Baudelaire, de Degas, Renoir… on imagine mal de nos jours l’intensité artistique de cette vie parisienne de la seconde partie du 19ème siècle. Voir Manet c’est aussi et surtout regarder le monde qui change d’époque, de siècle mais peut-être également de millénaire, c’est déjà intégrer l’idée du voyage et de l’ouverture vers d’autres cultures.
De « Lola de Valence » à « la Corrida », Manet parcourt l’Espagne dans les pas de Goya, celle de l’amour et de la mort donnée.
Manet pudique, Manet colérique, Manet qui se cache à la manière d’un chat, Manet homme de doutes et solitaire… Voir Manet c’est voir un homme qui laisse apparaître ses contradictions à travers son œuvre, aujourd’hui encore, cent trente ans après sa mort.
Quelle merveilleuse idée de nous proposer cette vie du peintre avec au fil de l’écrit quelques toiles remarquablement reproduites sur papier.
LE CHRONIQUEUR
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