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Encore un peu de temps monsieur le bourreau…

22/02/2013
Soixante ans après la sortie de la première Renault d’une usine espagnole, une 4CV pour être précis, Carlos Ghosn et Juan Carlos étaient ensemble à Valladolid lors de l’inauguration de la ligne de montage de Captur, le petit SUV que le constructeur français commercialisera d’ici à quelques mois.
Tout ça pour vous dire que cela n’arrangera pas les chiffres de la production d’automobiles sur le sol français, d’autant que les résultats de 2012 viennent d’être publiés et qu’ils sont très mauvais : la production a chuté de 16,4% en France, ce qui représente environ 270.000 véhicules fabriqués en moins sur notre territoire, en gros l’équivalent de ce que peut sortir en une année une belle unité de production… qu’il faudra peut-être fermer.

 

 

Dans le détail, PSA a baissé sa production sur le sol national de 15,9% par rapport à l’année 2011, et Renault de 17,6%. Quant à la production hors de France, là encore les constructeurs français sont à la peine, mais pas de la même manière : PSA perd 20,4% alors que Renault n’abandonne que 2,1%, ce dernier étant déjà beaucoup mieux implanté hors frontières nationales que ses concurrents Peugeot et Citroën.

 

Quid du diesel ?

La baisse annoncée par la Commission de Bruxelles de l’activité économique en 2013 risque de ne pas arranger la situation du secteur automobile, pas plus par ailleurs que l’annonce faite par madame Delphine Batho, ministre de l’Ecologie, qui parle désormais « d’incontournable » l’harmonisation des fiscalités du gasoil et de l’essence, une mesure qui, d’après l’Automobile Club Association (ACA) reviendrait à augmenter le prix du gasoil à la pompe de 20 centimes.

Voilà une mesure qui ne manquera pas de plomber, et le pouvoir d’achat des Français que l’on a incités à rouler au gasoil depuis les années 80, et les ventes de voitures françaises majoritairement proposées en diesel. 

Au passage, on soulignera que cette harmonisation fiscale rapportera entre trois et quatre milliards à l’Etat. Mais là n’est pas l’essentiel pour madame Batho, il s’agit avant tout d’un problème de santé publique. On vient de s’apercevoir que le diesel tue, beaucoup plus que la route d’ailleurs, environ vingt fois plus parait-il, et notamment des gens qui ne conduisent jamais. On peut alors se demander pourquoi Frédéric Cuvillier, le ministre des Transports, déclarait il y a moins d’un mois son opposition à cette mesure. Ne siège-t-il pas au même endroit que Delphine Batho chaque mercredi matin ?

Il sera également intéressant de suivre la réaction des professionnels de la route en cas d’alignement des prix du gasoil sur ceux de l’essence. Auront-ils droit à un régime spécial afin qu’ils ne bloquent pas le pays ou va-t-on une fois de plus gérer une situation de crise dans l’urgence et l’impréparation ?

Quoi qu’il en soit, pour un gouvernement - en place depuis moins d’un an - qui avait fait du blocage des prix des carburants un thème fort de la campagne, tout cela fait un peu désordre… désordre et gros menteurs !

Entre nous, ce n’est pas la mesure elle-même qui est critiquable, mais sa soudaineté, sa brutalité, car 20 centimes de plus à la pompe c’est environ dix à douze euros sur un plein moyen, soit cinquante à soixante euros par mois pour tous ceux qui remettent leur réservoir à niveau chaque semaine… soit 600 ou 700 euros sur un an. Enorme pour un smicard ! Il y aurait bien une autre solution : aligner les prix de l’essence sur ceux du gasoil, un sens inverse qui bien sûr coûterait à l’Etat beaucoup d’argent. Un truc impensable en l’état actuel. En fait, il aurait fallu appliquer cet alignement de manière homéopathique depuis trois ou quatre ans, depuis que les moteurs essence sont devenus quasiment aussi performants que les moteurs diesel en matière de consommation, du moins sur les petits véhicules. Cinq à six centimes chaque année, pas plus, et nous y serions au bout du compte. Mais c’est comme pour le reste, en France on ne peut jamais faire autrement que « dans la douleur » car personne ne veut entendre les mauvaises nouvelles avant : encore un peu de temps monsieur le bourreau…

 

J. Nimaud

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