C’est Renault bien avant le Redressement Productif de monsieur Montebourg, avant le tout électrique de monsieur Ghosn, avant l’alliance avec Nissan et le low cost façon Carpates. Flins à la fin des années soixante, c’était la belle époque de l’entreprise nationale d’où partaient souvent la contestation et les mouvements sociaux. L’automobile d’Etat était généreuse avec ses salariés, lesquels ne lui retournaient pas systématiquement le compliment.
Dans son roman, Richard Gangloff, qui lui-même a connu le milieu ouvrier chez l’un des concurrents d’alors, Simca, nous invite à franchir les grilles de l’usine modèle de Flins afin d’y découvrir les us et coutumes d’une bande de potes ouvriers à la Régie. Et contrairement à ce que l’on subodore, l’auteur ne nous narre pas les cadences infernales, l’exploitation de l’homme par l’homme, pas plus les affres de la classe ouvrière en général, mais un tout autre monde fait de combines, de larcins, où même l’idée d’un hold-up à la société bancaire installée dans l’usine n’effraie pas plus que cela nos compères. Au fil de la visite on va découvrir des bars clandestins dans les ateliers – pas si clandestins d’ailleurs ! -, on participera à des courses de R8 Gordini (c’est ici qu’elles sont fabriquées), et on se sera pas trop regardant sur qui sort quoi chaque jour des ateliers pour cause de business privé entrepris avec le matériel de la boîte. Enfin, n’oublions pas le C.E, le fameux Comité d’Entreprise disposant de moyens colossaux : « Une entreprise dans l’entreprise ».
Bien sûr, comme nous sommes à la fin des années 60, nous n’échapperons pas à la révolution de Mai 68, par obligation il faudra se frotter aux CRS. Mais pas plus.
Après tout, on pourrait se dire que le temps des R8 était béni des dieux entre Flins et Billancourt qu’il ne fallait pas désespérer. Mais tout cela il est vrai n’est qu’un roman, nous ne sommes pas obligés d’y croire…
LE CHRONIQUEUR
Les Commentaires