Les parents boivent et les enfants trinquent !
Que ceux qui seraient étonnés par une telle sortie se rassurent, ça va durer au moins jusqu’en juin 2014, c'est-à-dire au bout des élections intermédiaires, municipales, cantonales, régionales et surtout européennes, le grand rendez-vous du parti de Jean-Luc Mélenchon, sorte de quitte ou double pour son avenir national.
Ne soyons pas dupes, tout ceci n’est que l’agitation à laquelle, dans un autre temps, le parti communiste nous a habitués à vivre au gré des élections locales au cours desquelles les descendants de la lutte des classes se devaient de sauver les bijoux de la couronne, et notamment de la Grande Couronne parisienne.
Par ailleurs, il en va de même pour les prochaines municipales. Le « cul entre deux chaises », le PCF se doit de marquer son territoire en urinant sur les affiches des socialistes, mais pas plus car au Colonel Fabien on sait pertinemment que le PS peut faire sauter quasi tous les bastions communistes. Alors on sort les vieux outils pour faire travailleur, faucille et marteau en priorité, on vitupère, on menace sur les estrades, la trogne rougit, on prend date… et on prend le parti de faire avec au bout du compte. Depuis la victoire de François Mitterrand en 1981, les communistes se sont mis au plat unique : couleuvre à tous les repas. Et les travailleurs devront faire avec.
Autre stratégie
Cette opposition subliminale ne concerne pas vraiment Jean-Luc Mélenchon. Lui il utilise le PCF – quand le PCF pense avoir trouvé « l’idiot utile » comme aurait dit Lénine -, il se sert de ses franchises ouvertes dans tout le pays, et il a très bien compris qu’il était devenu une sorte de Georges Marchais moderne pour les médias.
Mais son combat est personnel, son but est le pouvoir, celui que l’on récupère dans le caniveau quand plus personne n’en veut, celui qui vient de la révolte, de l’émeute, et qu’importe la méthode. Et voilà bien la grande différence avec notre parti communiste qui, même en 1968, n’osa pas s’emparer du pouvoir par la volonté de la rue. Peut-être aussi parce que la maison mère à Moscou le lui avait interdit !
Alors Mélenchon tape, tape et retape sur les socialistes car il n’a rien et tout à perdre. Rien car il ne détient aucune ville, aucun département, aucune région… mais tout à perdre également car si son plan échoue et qu’il se retrouve avec un score tutoyant les 10% aux prochaines européennes, première élection à score national, il sait qu’à soixante ans passés il ne sera plus le recours en 2017. Mais si le résultat passe à 20%, voire davantage, tout devient possible. Et ce serait le pire scénario pour Solferino. A 20%, Mélenchon sera l’adversaire le plus destructeur pour un François Hollande dans l’impossibilité européenne de rejoindre les idées du Front de Gauche et du Parti de Gauche.
La tactique est claire pour Mélenchon, il a un an pour se faire admettre comme le grand révolutionnaire des temps modernes, celui qui combat les banques et le capitalisme tueurs de pauvres gens. Grèce, Espagne, Portugal, Chypre, tout est bon pour ramener le débat sur l’Europe assassine, et traiter Pierre Moscovici de « salopard » ne relève que de l’anecdote médiatique, cette Europe qui doit lui permettre en 2014 d’accéder au titre de premier opposant à François Hollande… lequel devra alors marcher à l’ombre en attendant de trouver quelques soutiens du côté du centre, voire de la droite… Mais Mélenchon à 20 ou 25%, rien n’est fait.
J. Nimaud
LE CHRONIQUEUR
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