Alors, bien évidemment, on peut souligner que la deuxième circonscription de l’Oise n’est pas la France, et qu’un score isolé d’une candidate FN, certainement bien implantée localement, ne signifie pas pour autant que la patronne Marine Le Pen pourrait envisager de rééditer l’exploit dans une élection nationale, loin s’en faut.
Mais lorsqu’on examine les résultats entre le premier et le second tour, où globalement la participation fut à l’identique à deux points près, on remarque que la candidate FN a gagné quelque 6.000 voix contre seulement 3.000 pour M. Mancel. Est-ce à dire que le « front républicain » favorise désormais l’extrême droite dans une telle hypothèse, à savoir UMP contre FN au second tour ? On peut alors en conclure que si la candidate FN avait affronté la candidate PS elle l’aurait emporté aisément. Pour mémoire encore, soulignons que M. Mancel a perdu plus de 5.500 suffrages depuis juin et que Mme Italiani en a gagné environ 2.000. Quant au PS, on le sait, il n’a même pas eu la possibilité d’aller au second tour.
Bien sûr, il y a le contexte national qui entre en jeu : chômage en hausse, inquiétudes sur l’économie, sans oublier ces affaires de prise d’otage dans le RER et le TGV, les violences urbaines, et un certain communautarisme prônant la haine de la France. C’est le grain à moudre du FN. Mais ce n’est quand même pas nouveau, toutes ces données existaient déjà en juin dernier au moment des élections législatives. Le plus, car il y a un plus, c’est l’échec patent des socialistes après des promesses fortes il y a moins d’un an. Le boomerang est revenu encore plus vite qu’après la victoire de 1981. Désormais l’effet est immédiat et calculable sur le champ : nombre d’électeurs de François Hollande ont changé de camp, les chiffres ne mentent pas. Voilà une nouveauté qu’il faudra prendre en compte à l’avenir, et le Parti Socialiste ne sera pas le seul à être touché, on l’a bien vu à Beauvais.
L’autre élément sur lequel on ne peut zapper concerne l’usure de certains élus. On ne va pas accabler monsieur Mancel tout soulagé par sa victoire d’aujourd’hui, mais rappelons que cet énarque est député de l’Oise depuis 1978, soit depuis trente-cinq ans, et qu’il était déjà président du Conseil général en 1985. Il serait peut-être temps de songer à la relève, car l’âge du capitaine, ou du moins la durée de sa carrière n’est pas forcément un atout, même si l’élu concerné a parfaitement rempli sa mission. Parfois, l’élection de trop coûte cher.
J. Nimaud
LE CHRONIQUEUR
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