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Où est le taulier ?

30/03/2013
C’est la question que des millions de Français se posent aujourd’hui après la prestation de François Hollande sur France 2, un face à face avec Poujadas qui devait initialement durer 45 minutes et qui est allé au-delà des 75 minutes.

 

 

 

Et pour dire quoi ? Que le cap c’est la croissance ! La croissance qui va revenir comme une obligation puisque c’est écrit sur la feuille de route. Mais a-t-on le droit de se moquer des gens ainsi ? Peut-on espérer la croissance dans un pays qui est déjà le champion du monde de l’imposition et qui rajoute quasiment chaque trimestre une couche aux autres, tuant par là même toute possibilité de croissance. Désormais, le seul endroit où l’on créé des emplois c’est à Pole Emploi : 2.000 en urgence pour faire face à l’avalanche de nouveaux dossiers.

Hier, son pire cauchemar du moment, Jean-Luc Mélenchon, a vu un Président « enlisé, presque déshumanisé ». On a déjà compris qu’il ne sera pas le fidéjusseur de cette nouvelle orientation. 

En fait, on a surtout vu un Président en apnée à la recherche d’un peu d’air dans cet enfumage permanent qui a débuté durant la campagne électorale. 

 

« Chef de bataille »

« Je suis le chef de cette bataille », c’est ainsi que François Hollande a déclaré la guerre à l’austérité, tentant de mettre dans son camp tous ceux qui se sentent piégés par la crise européenne et ne veulent plus entendre parler d’austérité. Encore eut-il fallu que l’austérité fût appliquée chez nous ! Contrairement à la Grèce, à l’Espagne ou encore à Chypre, la France n’a pas été mise au régime sec au niveau des salaires et des pensions, et toutes les allocations ont été versées, avec des montants majorés pour certaines. Nous allons voir comment l’ex-président du conseil général de Corrèze va mener la bataille de l’emploi dans les mois à venir, et surtout avec quels moyens. Ce n’est pas en appauvrissant les entreprises que l’on inversera la courbe du chômage. 

Quant à la boîte à outil dont paraît disposer le Président de la République, elle devrait commencer à produire ses effets d’ici à peu, apparemment il s’agit juste d’une question de réglages. Bien sûr, les mauvaises langues ont déjà pondu un nouveau surnom au Président, « monsieur bricolage ». Mais comment ne pas songer à du bricolage lorsque on change d’avis et d’orientation aussi vite et aussi souvent ? Voilà maintenant que l’urgence serait à la réforme des retraites, une réforme pourtant combattue au coupe-coupe par les socialistes lorsque François Fillon voulut justement, à l’instar du PS aujourd’hui, augmenter la durée de cotisation. Quant aux 75%, pas de problème, ils reviennent par la fenêtre et ce sont les entreprises qui paieront.

On peut également s’étonner d’entendre François Hollande évoquer la simplification administrative alors que les normes et les formulaires viennent chaque jour enrichir notre collection déjà fort riche en la matière. Sans doute va-t-on engager quelques milliers de fonctionnaires pour mettre cette simplification aux normes françaises…

Alors, bien sûr, François Hollande ne manque pas de rappeler qu’il est élu jusqu’en 2017, et que les bénéfices de sa politique (toujours la boîte à outil) seront efficients – mot à la mode qui veut tout et rien dire à la fois - à partir de 2015, au plus tard 2016. Mais on sait que parfois ceux qui annoncent des mitrailleuses finissent par acheter des sifflets ! 

Quoi qu’il en soit, une chose est sûre, il va lui falloir tenir jusque là, et vivre à côté des Fabius, Moscovici, Peillon, Duflot et quelques autres qui ont souvent tendance à se considérer comme les égaux du taulier. Sans compter les nombreux califes de grandes villes et grandes régions qui commencent à mettre un pied en dehors du cercle dans lequel le Président et son Premier ministre (au fait, existe-t-il encore ?) vont bientôt se sentir très seuls. Dans la débâcle les amis se font rares.

 

J. Nimaud

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