“Stéphane se remémore tout ce qui faisait sa joie en ce monde, il adresse un adieu mental à l’ensemble comme au détail, et finit une fois de plus par glisser dans la somnolence. » Stéphane et les autres aimeraient être ailleurs, là où leur vraie vie avait encore de la valeur, pour eux, pour leurs proches, là où ils avaient encore tant de choses à faire, autre chose que la guerre à coup sûr.
Stéphane, Victor, Simon, Robin et ces centaines d’hommes mobilisés au Bois des Caures tout près de Verdun attendent cette offensive comme si leur vie ne leur appartenait plus. Il faudra bien faire avec le 77 allemand qui dévaste tout, il faudra accepter que ceux qui ont fait le voyage jusque ici ne repartiront pas chez eux, il faudra composer avec la peur et l’effroyable déclinés au quotidien.
Nous sommes en février 1916 au coeur des tranchées, là où on va vous demander d’avoir « le cœur à l’ouvrage » lorsque les balles sifflent et que le canon donne de la voix : « Chaque retour de canonnade – on le sent venir, comme une foulée de titan – déverse au bas mot une cinquantaine d’obus. Des coups à dévier l’axe de la terre. A faire oublier qu’il existe un sol. » Dans l’attente de l’écrabouillement intégral, les hommes finissent par oublier s’ils ont toujours besoin de vivre…
LE CHRONIQUEUR
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