« La jeunesse, le climat, le cinéma. Et Dieppe. Des quatre, seul le cinéma valait la peine de vivre. » Eric Aubin a dix-huit ans, c'est un orphelin, domestique chez une riche famille dieppoise. Il trouve sa vie laide, triste, jamais insouciante, « la pire des jeunesses puisque pauvre et orpheline ». En cette année 1963, « la pire des époques, celle de la paix, ennuyeuse, banale, sans perspectives », vingt ans après le tragique débarquement canadien sur la plage de cette cité, plus que jamais Eric ne pense, ne vit qu'à travers le cinéma, ses seuls souvenirs sont les films vus enfant grâce à maman Monique qui était ouvreuse. Son seul désir, tourner un film. Alors quand un gentleman anglais, Sir Archibald Leach, ancien combattant en villégiature, lui propose de tourner un documentaire sur l'Occupation, il s'enflamme aussitôt pour le projet. Avec la caméra du père Fernand, un peu d'argent pour l'achat de la pellicule prêté par son employeuse, il peut réaliser son rêve. Aidé par la jolie Marjolaine que le destin a mis sur son chemin, scripte pour l'occasion, il se met à traquer les confessions des uns et des autres, héros ou témoins de l'Histoire. Mais Eric ne sait pas à quoi il s'expose, certains ne veulent pas que l'on remue les cendres encore brûlantes, que l'on fouine dans Dieppe et ses labyrinthes.
Et qui est vraiment Archibald Leach ? Un simple mécène ? Pourquoi lui a-t-il soufflé l'idée de ce film ? Marjolaine est-elle là par hasard ? Eric n'est qu'un moussaillon sans expérience, la navigation par gros temps est dangereuse et son film est un « drôle de rafiot qui va faire plus de remous que de sillage ».
LE CHRONIQUEUR
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