Des Mousquetaires blancs…
Ils sont trois, ils viennent de Gascogne, jusque là toute ressemblance… Mais ils ne sont pas mousquetaires, il s’agit d’un trio de blancs classés Côtes de Gascogne.
Le premier est un Colombard – Ugni blanc élevé par le domaine Guillaman (www.domaine-guillaman.fr), un blanc passionné par le fruit et la fraîcheur, un blanc né pour accompagner tout ce qui est issu de la mer (3,50 € départ cave) ; le deuxième nous vient du domaine Pellehaut à Montréal du Gers (www.pellehaut.com), une maison qui produit de remarquables Armagnac, et qui nous offre un blanc tout en rondeur, expressif, lumineux, issu à 70% de Gros Manseng (cépage régional) et Chardonnay, un blanc que l’on pourra sortir au moment du foie gras (6,25 €) ; quant au troisième gascon, c’est un pur produit des Producteurs Plaimont (www.plaimont.com), un Colombard à 80%, on l’appelle « L’Original », un modèle de complexité, il est fruité, floral, sensuel et fougueux, un brin épicé en fin de bouche, on l’imagine déjà avec une cuisine exotique (3,60 €).
Le Chenin de Montlouis
Nous voici à quelques lieues de Tours sur la rive gauche de la Loire, face à Vouvray, célèbre pour ses effervescents. Ici, à Montlouis, les blancs sont tous issus du Chenin, ils sont ronds et nerveux à la fois, toujours très élégants comme prêts à sortir dans le monde comme on disait autrefois, ils sont souvent tendus comme un fil au-dessus du fleuve, leur robe est jaune paille avec quelques reflets verts, certains les comparent à des Sancerre bien que l’encépagement ne soit pas le même. C’est sans doute l’effet minéralité qui est responsable.
Voici quatre exemples de la production de Montlouis-sur-Loire sélectionnés pour vous pour leur exemplarité d’appellation.
« Impressions » du Domaine de l’Ouche Gaillard (37270 Montlouis-sur-Loire), dont on retiendra le côté agrumes et la fraîcheur, il sera parfait avec un saumon (9,00 €)…
La « Cuvée Edmond » du domaine Moyer (37270 Montlouis), un vin issu de vignes de 60 ans d’âge qui oscille entre agrumes et fleurs blanches et que l’on appréciera au moment de l’arrivée des moules (10,00 €)… « La croisée des chemins » par L’Âge de Raisin (37270 Montlouis), un as de la minéralité, on le dit un peu eau-de-vie de prune, mais il y a peut-être aussi de la pomme, voilà un apéritif dans l’âme que l’on agrémentera d’un fromage de chèvre (10,50 €)… et enfin « l’Oiseau Blanc » du Domaine de Montoray (374090 Lussault-sur-Loire), celui-là ne s’est pas abîmé en mer au large de Saint-Pierre, mais ses notes boisées, son côté réglissé et sa rondeur conviendront à des saint-jacques, voire une viande blanche (8,20 €).
Hommage à André Trenel
Artisan-négociant oeuvrant dans les vins de Bourgogne et du Beaujolais, la Maison Trenel nous invite à découvrir sa gamme bio à travers deux vins issus quasiment de la même région, l’un est un blanc, un Saint-Véran, appellation du Mâconnais, l’autre est un rouge né juste en dessous dans le Beaujolais, un Fleurie.
100% Chardonnay, le Saint-Véran est devenu en quelques années un incontournable des coquillages et crustacés et autres apéritifs. Ses côtés tendre et fruité, sec et rond, font de lui le compagnon idéal de tout un repas, car il pourra facilement trouver son bonheur avec un poisson ou une poularde à la crème. Issu de huit communes, il est parfois nommé le « Beaujolais blanc » (12,00 €).
On dit qu’au début du 18ème siècle, le Fleurie était l’un des trois Beaujolais qui partaient pour la capitale. Nous voici bien sûr en présence d’un Gamay à la robe rubis foncé issu d’une parcelle plein sud appelée « la Chapelle des Bois ». Typique du genre, il dispense ses arômes de violette, on le dira charnu, velouté, soyeux et en millésime 2010, en pleine forme. On va convoquer dare-dare une andouillette lyonnaise, franchement c’est ce qu’il y a de plus urgent à faire en ce moment ! (11,35 €).
En blanc et rouge d’Alsace en Bourgogne
C’est notre titre du jour et pourquoi pas mettre sur une même table pour un excellent repas, deux vins nés au nord de Lyon, donc sur des territoires viticoles septentrionaux où la chaleur n’est pas forcément le principal élément avéré.
Le menu nous propose pour commencer quelques asperges. Du côté de l’Alsace on nous conseillerait un Muscat, et finalement nous allons opter pour un Riesling, un grand Riesling, un blanc fin, élégant, aux arômes floraux expressifs, un Riesling de la Maison Pierre Sparr et Successeurs à Sigolsheim (68240), un domaine riche de quelques Grands Crus célèbres en Alsace. Il a pour nom « Clos Saint-Odile 2011 », il est né plein sud et a été vendangé tardivement, la troisième semaine d’octobre. C’est dire s’il a vu passer le soleil dans les vignes ! Plein, puissant, long et minéral en fin de bouche, ce blanc est né pour la gastronomie (7,95 € départ cave).
Pour suivre, nous avons prévu une viande rouge rôtie en attendant de passer au gibier à l’automne. Pour suivre donc, nous avons réservé un Bourgogne de la Côte de Beaune, un Santenay « Les Gravières 2010 » du Domaine Jessiaume (21590 Santenay). Il nous vient du premier cru le plus réputé de l’appellation. On apprécie sa robe rubis (ou pourpre ?), ses arômes de fruits (cassis entre autres) un tantinet épicés, sa souplesse naturelle qui laisse augurer une élégance racée, voilà un vin qui remplit le verre, ample, généreux, voire corsé, pas de doute il siéra à notre viande rouge que l’on pourrait même travailler sur le côté provençal. (environ 29,00 €).
Attention, excellent potentiel de garde !
Deux vins de Cairanne en Rasteau
Nous voyagerons moins longtemps pour aller de l’un à l’autre, ils sont presque voisins, tous deux du Vaucluse. « Les Travers 2012 », c’est le Cairanne Côtes du Rhône Villages blanc du Domaine Brusset (84290 Cairanne) né d’un assemblage Grenache, Roussanne et Viognier. De l’or en bouteille au premier regard, des senteurs locales au premier nez, fenouil et estragon, du fruit vif et sans détour dès la première gorgée, et le reste suivra… Un blanc qui va vous mettre du bon côté, gourmand, passionnant, un brin insistant mais on veut bien, le tout pour finir sur une touche minérale. Sortez les gambas, les pâtes au pesto pistache et citron, et tout ira bien (9,00 €).
Un autre domaine que l’on connaît bien et que l’on apprécie beaucoup, c’est Ortas – Cave de Rasteau (84110 Rasteau). Grenache (70%), Syrah et Mourvèdre, c’est le Rasteau Tradition 2010, le rouge rubis VRP du fruit noir, charpenté par excellence, épicé, aromatique jusqu’au bout du bout de la fin de bouche, sans jamais oublier de mettre la fraîcheur en position « on », voilà de quoi mettre une daube provençale de bonne humeur pour toute la soirée, et nous avec (7,70 €).
Duo la Chevalière
Deux rouges de la Maison Laroche (89800 Chablis) 100% Syrah, donc deux vins plutôt Sud, précisément du Languedoc, sur des vignobles où Laroche s’est installé il y a bientôt trente ans. Les deux sont en appellation IGP Pays d’Oc et nous invitent à participer à un merveilleux festival de fruits rouges, l’un en insistant sur le côté boisé, c’est le « Mas la Chevalière rouge 2011 », l’autre sur l’effet épices et poivre, c’est « la Croix Chevalière 2010 ». Les deux travaillent sur des tanins souples, bien élevés, toujours disposés à vous faire plaisir, ils conjuguent longueur et puissance sur tous les temps, et connaissent toutes les subtilités de la gourmandise. Le Mas la Chevalière est vendu 12,00 € (caviste et domaine), la Croix Chevalière 23,00 €, voilà un beau potentiel de garde pour vos dîners futurs.
Lionel Osmin et le Jurançon
« C’est en informant, en présentant le métier de vigneron, en racontant les vins, dégustation à l’appui, en écoutant l’amateur, que se fait le lien entre le concepteur du vin et celui qui le boit. » Belle formule de Lionel Osmin pour résumer cette passion qui perdure depuis des générations, tant chez ceux qui travaillent la vigne, que chez ceux qui mettent le vin parmi les plus beaux cadeaux de la terre. Et toute cette prose sera vérifiée et certifiée en dégustant ces deux Jurançon que la maison Lionel Osmin et Cie (64160 Morlaas) nous invite à découvrir : un Jurançon sec « Cami Salié » 2010 issu de Petit et Gros Manseng, cépages régionaux, à la robe dorée aux reflets verts (ou dorés !), au nez qui nous fait voyager avec ses fruits exotiques, sec on l’a dit, sec avec une acidité régulée, on nous le conseille avec des fruits de mer ou un poisson grillé (12,00 €).
« Foehn – Jurançon 2009 » est le moelleux de la famille, mêmes cépages mais tris manuels de la fin octobre à la mi-décembre, le sucre ne s’en laissera pas compter. Ici, la robe est brillante, lumineuse, les arômes tendance vanille, miel et fruits confits, ce vin est corsé, bien équilibré, il ne tombera pas d’un côté au détriment de l’autre, acidité et sucre font bon ménage, et le foie gras en redemandera sûrement (16,90 €).
Des rouges marqués Sud et Sud-Ouest
Un « Faugères rouge Grande réserve 2010 », c’est le Syrah – Grenache développé par le Domaine de Fenouillet des vignobles Jeanjean (34725 Saint-Félix-de-Lodez), un rouge qui partage ses préférences entre des notes de fruits noirs et un petit bâton de réglisse. Voilà une Grande Réserve armée pour affronter des gibiers de passage dès l’hiver prochain, puissance et tanins feront l’essentiel en fin de bouche (10,85 €).
Si Syrah et Grenache sont du voyage avec le Collioure du Clos de Paulilles de la maison Cazès (66602 Rivesaltes), c’est le Mourvèdre à 65% qui remporte la primaire rouge. Soleil généreux et brise marine ont bien travaillé à l’extrémité sud de la France pour nous offrir ce vin élégant (une spécialité signée Mourvèdre) et bourré d’optimisme en ces temps de morosité ambiante. Pour être précis, il va nous rendre optimistes. Un grand rouge qui se mariera sans discuter avec quelques viandes rouges et autres magrets (15,00 €).
Le suivant est un Malbec… et rien d’autre. On ne partage pas, ce n’est pas nécessaire. « Contes et légendes 2010 », voilà un nom qui nous promet quelques découvertes hors du commun. Et la première viendra d’un rapport qualité-prix exceptionnel, ce rouge étant affiché à 4,90 €. Pour tout vous dire, ce 100% Malbec est un Cahors de la Maison Rigal (46140 Parnac), un vin de terre, un vin qui a son histoire en bandoulière, un vin attachant, qui s’exprime de fruits noirs en boisé… mais juste ce qu’il faut. Un Cahors ? Alors sortons les magrets et les confits !
Direction les Corbières sous la houlette du Château Ollieux Romanis (11200 Montséret) sur le terroir de Boutenac pas loin de Narbonne la Romaine. Ce rouge a passé son enfance sur des terres rouges occupées par quelques galets roulés dont la fonction première est de conserver la chaleur de la journée jusque tard dans la nuit. Allez demander aux cépages retenus ici, Carignan, Syrah et Grenache, ce qu’ils en pensent. Depuis la région de Rasteau jusqu’aux Pyrénées ils vous siffleront le même air : c’est idéal pour avoir des vins chauds, puissants et raffinés à la fois, des vins où le fruit prend des airs exotiques avec quelques zestes d’épices, et c’est bien ce qui nous plait avec cette « Cuvée Florence 2012 » que nous avons devant nous. Bravo l’artiste ! (4,10 €).
Restons dans les Corbières du côté de la « mauvaise terre », cette terre pauvre où rien ne semble pouvoir pousser… sauf cette vigne qui peut faire des miracles pour peu qu’on la travaillât avec amour et courage. La mauvaise terre, c’est « la Pège », et c’est le nom de ce Corbières 2011, la nouvelle création de Jean Noël Bousquet du Château Grand Moulin (11200 Lézignan Corbières). Pour ce vin, il a sélectionné le meilleur du Carignan et obtenu un beau panier de fruits noirs et fruits rouges, des tanins impeccablement dressés, et une longueur qui nous mènera jusqu’au bout du possible en la matière. De la très belle matière bien évidemment ! (7,80 €)
On ferme le stand de dégustation des rouges sud – sud-ouest avec un Bordeaux Supérieur 2010, celui du Domaine de Courteillac proposé par les Domaines Mèneret – Audy (33000 Bordeaux). 70% Merlot, le reste en Cabernet Sauvignon et Cabernet Franc, c’est le Bordeaux que l’on aime, une belle couleur qui donne envie d’aller plus loin pour découvrir une amplitude généreuse, des tanins cousus sur du velours, un soupçon de poivre, un brin de complexité pour commencer à chercher le meilleur accord sur la table, bref, là encore on pourra commander le gibier des prochaines saisons (9,00 €).
Champagne Esterlin pour conclure
Et mettons en avant « Le Beau Geste », une idée cadeau de la belle saison (beau et belle !) présentée dans un coffret réunissant un Champagne Esterlin (51200 Epernay) 85% Chardonnay et 15% Pinot Meunier et Pinot Noir, une fabrique à bulles fines et arômes de framboise et groseille, de la vivacité à profusion, une longueur interminable (tant mieux !), on nous le conseille pour l’apéritif, mais franchement on lui demandera davantage eu égard à sa complexité et à sa pugnacité… un Champagne brut rosé dans ce coffret, certes, mais accompagné de quatre flûtes signées Esterlin. Le tout pour 68,00 €.
LE CHRONIQUEUR
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