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Fugue polonaise

14/06/2013
Fugue polonaise, par Beata de Robien, chez Albin Michel, 21,50 €

 

Cette vie faite de restrictions, de dénonciations, d’humiliations et d’arrestations arbitraires, ce sont des Européens comme nous qui l’ont vécue, habitants de ces pays que l’on disait « de l’est », pour ne pas avoir à dire « communistes ».

Cette vie, Bashia, une ado qui a seize ans en 1953 à la mort de Staline et qui vit à Cracovie, grande ville historique de Pologne, nous la déroule avec ses joies et ses peines. Elle a l’âge de l’insouciance, mais à Cracovie sous un régime de dictature du prolétariat, il vaut mieux ne pas trop en user. Au milieu d’étrangers qui ont envahi l’appartement jugé trop grand par les autorités, et d’une famille un brin décalée, un père médecin alcoolique, un oncle de 34 ans qui ne travaille pas, une grand-mère qui fait son possible pour faire tourner la maison, et une mère qui a fui en France il y a longtemps, il est parfois difficile d’avoir des rêves de jeune fille : « A quoi bon rêver… nous sommes à Cracovie et nous n’avons même pas le droit de posséder un passeport ». 

Malgré cette chape de plomb, plus lourde que le Rideau de Fer qui n’était après tout qu’une barrière infranchissable hors du quotidien, Bashia va tomber amoureuse. Elle fait la connaissance d’un jeune Français venu étudier en Pologne. Un jeune Français communiste et convaincu. Cette fréquentation d’un étranger, pourtant « du même bord », va lui attirer les pires ennuis de la part de son directeur d’école, abruti borné comme le communisme savait les fabriquer. Les menaces seront vite suivies de sanctions. Les plus odieuses, les plus communistes !  « Grand-mère disait que chacun crée son propre enfer sur cette terre mais moi, j’étais maintenant d’accord avec l’oncle Roman. Pour nous les Polonais, quelqu’un d’autre s’en était chargé. »

Cette Fugue polonaise prend des allures d’antanaclase : pense-t-on à un air de musique ou à cette envie de quitter au plus vite cet univers opprimant ?

Beata de Robien a vécu en Pologne.

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