« Jean Moulin et René Bousquet, itinéraires croisés » dit l’auteur Alain Minc.
Itinéraires, destins, notoriétés ?... Ces deux hommes quasiment de la même génération, l’un, Jean Moulin, est né en 1899, l’autre, rené Bousquet, en 1909, auraient pu connaître la même destinée : ils deviennent tous deux, plutôt rapidement et grâce aux relations familiales, chefs de cabinet de préfecture, puis Préfets, ils sont tous deux des hommes du sud, l’un est de Béziers, l’autre de Montauban, deux villes de ce Midi Rouge terre de radicalisme. De la même génération, peut-être pas vraiment. Seulement dix ans les séparent, mais l’un des deux, Jean Moulin, a dix-huit ans en 1917, il est mobilisable.
On va donc mettre en parallèle leurs vies jusqu’à la défaite de juin 1940, voire un peu plus tard. Car Alain Minc ne tombe pas dans les travers et les clichés tout faits, tout blanc ou tout noir, le bon et le méchant, le gentil et le salaud, des hommes que l’on repèrent immédiatement. Moulin comme Bousquet serviront l’État français même après la défaite. Ce n’est que quelques mois après que l’Histoire sortira son grand livre pour y noter que Moulin deviendra le patron de la Résistance, et que Bousquet sera celui de la police du Maréchal. Le premier a compris que le salut de la nation passait par Londres et de Gaulle, le second croit toujours en les chances de l’Allemagne.
On le sait, Moulin est mort jeune, il n’a pas vu la libération de son pays ; Quant à Bousquet, après quelques années difficiles eu égard à son passé, il fera des affaires, et finira assassiné par un « illuminé » en 1993, soit quasiment cinquante ans après la mort du préfet Moulin.
« Moulin mérite d’être considéré comme un héros et Bousquet comme un salaud. Mais il faut peu de choses pour faire un héros d’un homme qui n’était pas nécessairement prédisposé à l’être. Il n’en faut guère davantage pour faire un salaud d’un homme qui n’était pas, non plus, prédestiné à le devenir. » C’est le message que nous passe l’auteur…
LE CHRONIQUEUR
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