Miami est la seule ville au monde dont plus de la moitié des habitants sont des immigrants de fraîche date, en gros des cinquante dernières années, et une fraction d'entre eux, les Cubains ont la haute main sur la politique municipale : le maire est cubain, comme beaucoup de chefs de service, les policiers sont cubains à soixante pour cent, sinon ils sont Latinos, Noirs, tous parfaitement intégrés, mais c'est dire si les WASP (White Anglo Saxon Protestant) ne représentent qu'une part infime de la population. Un joli coin de terre où il fait toujours beau, presque le paradis... sauf que l'appartenance à une communauté peut poser beaucoup de problèmes: ainsi Nestor Camacho, flic d'origine cubaine affecté à la Patrouille maritime, tout fier grâce à sa musculature imposante d'avoir sauvé un clandestin d'une chute certaine et mortelle en grimpant à un mât de vingt mètres où celui-ci s'était réfugié, l'a dans le même temps condamné au retour au pays. Et le voilà, alors qu'il s'attendait à des félicitations car son exploit a été suivi par la télévision, accusé de l'avoir envoyé à la mort chez Fidel, d'avoir infligé le déshonneur à sa famille, sa communauté, sa ville. Et de plus, sa fiancée Magdalena le quitte, lui préférant le richissime psychiatre WASP qui l'emploie et l'élévation sociale qui en découlera. Ailleurs, c'est l'épouse du rédacteur en chef de l'unique quotidien anglophone de Miami qui se bagarre pour une place de parking avec une riche cubaine. Et bien d'autres personnages vont apparaître au fil des pages de ce gros pavé.
Fidèle à l'esprit du « nouveau journalisme » dont il est issu, Tom Wolfe signe là une grande fresque sociale très poussée, disséquée, analysée, un pamphlet anti-communautariste passionnant.
LE CHRONIQUEUR
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