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Un pays à bout de souffle ?

24/06/2013
Notre pays est à bout de souffle, au bout d’un système qui, faute d’avoir été considérablement remanié, et qui a fait notre prospérité et notre exemplarité, est en train de nous envoyer par le fond. Chacun cherche une chaloupe, mais c’est comme sur toutes les embarcations, il n’y en aura pas pour tout le monde.

 

De la crise à Villeneuve-sur-Lot

Le signe le plus probant de cette dégringolade accélérée fut l’élection à la présidence de la République en pleine crise économique, d’un homme comme François Hollande dont les seuls faits d’arme furent d’avoir été le chef d’un Parti Socialiste qui a dézingué sa candidate (et ex-compagne du dit chef) en 2007, et d’avoir présidé l’un des plus petits départements, de surcroît le plus endetté. Comme si les Français avaient voté par dépit, par rejet du sortant, et pas davantage, sans pour autant réfléchir au coup d’après. 

A qui la faute ? A tout le monde, aux politiques et aux Français globalement. Car les premiers, qui sont le plus souvent des parangons de lâcheté, ont répété aux seconds, c'est-à-dire le peuple, que nous sommes une exception et que par là même, nous nous en sortirons toujours grâce à cela, un peu comme un pays non-aligné façon ex-Yougoslavie. On peut se passer de faire du business (un truc extrêmement sale !) avec le reste du monde puisque nous avons un fabuleux amortisseur social composé de bataillons de fonctionnaires qui auront toujours un pouvoir d’achat assuré quoi qu’il advienne. Dans la foulée, on n’a pas manqué de rassurer les bataillons d’assistés et allocationnés, histoire de ne pas les effrayer avec un travail obligatoire, sorte de STO intra-muros qui pourrait ressembler à un service d’intérêt général en compensation des bienfaits versés par l’Etat… toujours insuffisants d’après les récipiendaires. 

Bref, tout le monde semblait satisfait d’avoir porté à la tête de la Nation une sorte de Maréchal Tito qui promettait à nos concurrents les pires cauchemars : la France allait à nouveau se faire entendre dans le grand concert des nations avec Normal 1er !

 

L’affaire d’une quinzaine…

Et cela a plutôt bien fonctionné durant… cinq à six semaines pour les plus optimistes, une bonne quinzaine pour les autres. Depuis, sa Normalité a plongé dans les abysses de la cote de popularité, là où ne croisent plus que le Capitaine Némo et quelques poulpes géants datant d’avant Blum. Depuis encore, élection après élection, le PS se fait virer du second tour, et assiste, les bras ballants, au duel droite ou centre contre extrême droite. On sait aujourd’hui qu’un premier tour de présidentielle exclurait tout candidat de gauche du round final, et ce n’est pas Mélenchon avec ses discours typés populo et démago qui changera le cours de l’Histoire : son communisme est juste bon à fédérer les nostalgiques du barbelé et des bilans globalement positifs du plan quinquennal. Il en appelle au peuple ouvrier, il ne s’est même pas aperçu qu’il n’y a plus d’usines. Il faut dire que lui aussi n’a pas remonté les manches pour se rendre au turbin à 6 heures du matin depuis que la lurette est belle. Il n’est même pas séditieux, tout juste un alibi. En fait, il est comme les autres, il occupe la bonne place depuis bientôt trente ans et s’apprête à refaire un tour de manège aux Européennes de 2014 : attraper le pompon rapporte gros !

Pendant ce temps, ils gémissent tous, droite, centre, gauche, ils font semblant de ne pas comprendre pourquoi un candidat du FN peut faire un second tour, voire faire premier à l’arrivée. Mais depuis le temps que tous promettent ce qu’ils ne feront pas, et tous ont été au pouvoir ces trente dernières années, pas étonnant que le peuple commence à se détourner d’eux, soit en restant à la maison le jour du vote, soit en essayant les seuls qui n’ont jamais été aux affaires. Je ne dis pas qu’ils feraient mieux, mais c’est comme ça.

Les Français sont las de ces gens qui se partagent les bonnes places, les mandats, avec les émoluments versés avec. Ces gens qui s’accrochent à leurs postes durant vingt ou trente ans. Ils n’ont pas d’idées, pas de vision de l’avenir, pas de grands projets, pas envie de se défoncer pour le bien public, ils veulent seulement continuer à « exister », à être au-dessus de cette populace qu’ils méprisent sans s’en rendre compte. Du conseiller général, du maire ou de l’adjoint, au député ou au sénateur, c’est la même rengaine : moi ou le chaos ! Le chaos, car les autres, ceux qui prendraient éventuellement leur place, ne savent pas comment on fait, ils ne connaissent rien du « service de la France », donc jusqu’au bout ils s’accrochent. Jusqu’à la mort, quasi impotents ils tiennent, et empilent les revenus souvent non imposables. 

 

Ni ébloui, ni étonné…

Alors, après, on s’étonne qu’un Jean-François Mancel, député depuis bientôt trente ans, se fasse accrocher dans son fief par un inconnu du FN (51% contre 49%), un Mancel qui fut en son temps patron du RPR. On s’étonne à Villeneuve-sur-Lot, de voir le FN au second tour. C’est juste de la légitime défense !

Notre pays est à bout de souffle car les politiques n’ont plus le charisme nécessaire aux grandes réformes, les syndicats ne représentent qu’eux-mêmes, c'est-à-dire rien, et ne sont donc pas aptes à parler en notre nom, et par conséquence, au bout du compte, c’est bien le pays lui-même qui se retrouve inapte à se réformer. 

On l’a constaté avec les retraites où une certaine forme d’autisme a frappé les Français qui refusent d’admettre que l’allongement considérable de notre espérance de vie depuis l’instauration du système par répartition à la fin des années 40, met en péril les pensions futures. On décide de ne rien décider, on descend dans la rue par solidarité envers on ne sait trop quoi, peut-être au nom de l’acquis non négociable. 

Globalement, nous méritons ce qu’il nous arrive : on coule à pic !

Le 19 Brumaire, Bonaparte prévenait : « Un gouvernement nouveau-né a besoin d’éblouir et d’étonner. Dès qu’il ne jette plus d’éclat, il tombe. » Qu’en est-il d’un gouvernement qui n’a ni ébloui ni étonné, pas même une semaine ?

Dans un an nous élirons nos députés européens. Il s’agira de la première élection nationale depuis 2012. Si en juin 2014, la liste du FN devance celles de l’UMP et du PS, ce sera une première sous la 5ème République. Mais à force de jouer avec le feu depuis déjà trente ans, depuis que François Mitterrand décida d’offrir une tribune nationale à Le Pen, un jour on se brûle les doigts. Et à partir de cette éventualité, la bataille présidentielle consistera à savoir qui du candidat UMP ou PS sera qualifié pour le second tour. Et si, comme dans l’Oise chez Mancel, ou à Villeneuve-sur-Lot, ceux qui n’ont pas la chance d’avoir leur champion qualifié pour le second tour décident de voter FN par vengeance, alors on pourrait se retrouver un  jour avec Marine Le Pen à l’Elysée. Scénario catastrophe ? Peut-être, mais un scénario que nous aurions écrit collectivement par paresse, par lâcheté, et peut-être un peu par bêtise…

 

J. Nimaud

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