« En tête de file, marchant fièrement, bâton en main, casquette à la chinoise vissée sur le crâne, foulard cambodgien sur les épaules, Pol Pot a des allures de Grand Timonier rayonnant. » Olivier Weber regarde une photo d’une colonne de Khmers Rouges. Olivier Weber est ambassadeur itinérant auprès des nations Unies et grand reporter. Le voilà à Phnom Penh et au cœur de ce Cambodge qui a vécu l’un des pires génocides jamais programmés de 1975 à 1979, quand les Khmers Rouges ont massacré près de la moitié de la population dans l’indifférence générale, on eut même droit, ici en France, à des défilés d’intellectuels soutenant ce cher ami Pol Pot ! Il est ici sur la piste des assassins impunis, même si quelques uns d’entre eux viennent de passer devant leurs juges trente ans plus tard.
Impunis et devenus très riches pour certains, beaucoup ayant intégré, voire initié, cette nouvelle mafia qui règne sur les casinos, la prostitutions et les trafics en tout genre. Une mafia ou un état mafieux, la question est d’actualité. Ici, les procès des dirigeants Khmers ont beaucoup dérangé, ce n’est pas bon pour le business, même si ces derniers réfutaient généralement toute responsabilité dans le génocide. Comme le souligne l’auteur, « le silence est souvent la résultante des pesanteurs, voire d’une dictature. A Pailin et dans les montagnes alentour, il est le fruit de l’impunité transformée en bonne conscience. »
Le Cambodge mettra longtemps, non pas à oublier, mais à vivre normalement avec le souvenir de cette ignominie collective…
LE CHRONIQUEUR
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