Cette cicatrice, ce n'est pas celle que l'on voit sur les dernières photos, dont celle de la couverture, prises par Bert Stern quelques jours avant sa mort. C'est celle de la « blessure fondatrice », celle de ses origines : Norma Jeane est une enfant illégitime, une bâtarde. De son père elle n'aura jamais qu'une photo sur laquelle il ressemble à Clark Gable. Ses grands-parents, sa mère connaîtront l'asile psychiatrique et elle, l'orphelinat, les familles d'accueil successives. Elle en restera à jamais marquée au fer rouge. Folie, hérédité, abandon, peur, c'est ce qui va jalonner son existence, ce sera son parcours, ses fils rouges. Norma Jeane a besoin de se légitimer, d'être aimée, elle va créer Marilyn, la fabriquer de A à Z, travaillant sa voix, sa blondeur, son maquillage, ses mouvements. Elle n'a pas été désirée par sa mère, elle deviendra la plus désirable. Elle n'a pas été attendue, elle se fera désormais attendre, ses retards seront sa marque de fabrique. Elle n'a pas eu de père, elle appellera ses maris « papa ». L'enfant de personne deviendra la blonde la plus célèbre, « essence de la féminité et de la fragilité ». En outre, elle prouvera qu'elle n'est pas qu'une blonde sexy, idiote, le rôle dans lequel on a voulu la cantonner, mais une véritable actrice.
« De la fusion à la confusion, du « je » à « elle », deux vies de femmes s'amarrent l'une à l'autre : l'enfant du passé, et la création de l'identité de l'actrice, un chagrin d'enfant dans un corps qui n'est que sexe. Elle n'abdiquera jamais, ni ne trahira l'une pour l'autre ». Ce livre n'est pas un ouvrage de plus sur Marilyn Monroe, il analyse, dissèque pas à pas ce que fut l'itinéraire « d'une enfant perdue dans un corps de sexe-symbole ».
LE CHRONIQUEUR
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