« Le cerveau d’Albert était totalement vide, impossible d’articuler deux idées, d’imaginer comment les choses allaient se passer ; il tentait de mettre de l’ordre dans ses impressions mais rien ne s’ordonnait. » C’est tout Albert Maillard ça, pas à sa place, égaré au milieu du gué, avancer, revenir sur ses pas ? Albert est un brave type, un type qui a fait sa guerre comme les autres, peut-être mieux que les autres puisqu’il est revenu vivant de cet enfer qui a aspiré à lui trente cinq millions d’hommes en Europe entre 1914 et 1918. Son problème, c’est le lieutenant Pradelle, un carriériste qui a besoin de prendre du galon en cet automne 1918. Albert sait trop de choses sur le comportement de cet officier. Albert doit mourir…
Et voici Edouard Péricourt, fils de bonne famille, fin dessinateur par ailleurs, qui va sauver ce soldat Maillard qu’il ne connaît pas. Edouard y perdra la face, sans jeu de mot facile, il va devenir l’un de ces Poilus qu’on appelait « les Gueules Cassées ».
Albert et Edouard ne se quitteront plus, Albert va s’occuper de son ami et sauveur qui a voulu disparaître du monde des vivants en se faisant passer pour mort au combat. L’histoire aurait pu s’arrêter là, tranquillement. Mais que diable ! C’est une épopée qui nous attend, une fresque folle et tragique où l’on retrouvera même le méchant Pradelle. Les vivants peuvent tout, y compris vendre sur catalogue des monuments aux morts aux 36.000 communes d’une France prête à tout pour honorer ses morts, même se faire berner par des apprentis escrocs. La presse parlera de « scandale national ».
« Au revoir là-haut » est un remarquable sujet de film, une remarquable histoire tragique avec des héros très fatigués. Mais sont-ils des héros ?...
LE CHRONIQUEUR
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