« Le quatrième mur, c’est ce qui empêche le comédien de baiser avec le public » explique Samuel Akounis, « une façade imaginaire, que les acteurs construisent en bord de scène pour renforcer l’illusion… une muraille qui protège leur personnage. »
Grec, juif rescapé de l’Holocauste, Samuel Akounis sait à peu près tout sur « la petite maigre » de l’Antigone de Jean Anouilh, ce spectacle qu’il s’est mis en tête de présenter à Beyrouth en pleine guerre du Liban au début des années 80, et avec comme distribution tous ceux qui, justement, se font la guerre à Beyrouth : Palestiniens et Sunnites, Druzes du Chouf, Maronites, Chiites, catholiques arméniens…
« Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas et qui ne dit rien. » Sam Akounis est maintenant couché là-bas sur un lit d’hôpital, et avant de ne plus rien dire, il demande au narrateur, son ami, de reprendre le flambeau, la mission, prendre deux heures à la guerre, comme ça, comme un hold up pour la paix, pour jouer l’Antigone. Mais rien ne se fera sans ce « quatrième mur », celui qui donnera l’illusion de la paix retrouvée sur une scène improvisée avec des acteurs en costume de ville.
Il faudra beaucoup de persuasion à ce messager de l’Antigone pour convaincre ces comédiens de bonne volonté, et ennemis par hasard, qu’ils ne vont pas mourir sur scène comme Molière…
LE CHRONIQUEUR
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