De déambulations en déambulations dans Paris et alentours, le narrateur s'était « approprié » des terrains en périphérie de la cité, des endroits oubliés des cartes IGN. « Vivant sur chacun de ces lieux, des vies parallèles et rêvées », il ne supportait pas que l'on comble les places vides qu'ils formaient sur les cartes. Avec l'expansion urbaine, ses repaires disparaissaient les uns après les autres. Il est désormais « otage d'une ville bornée, métrée et étalonnée ». Pendant dix ans il avait sillonné Paris pour se procurer des cachettes secrètes, et au fil du temps tous ses passages avaient été murés, ses « cabinets de curiosités » avaient disparu. Il lui fallait apprendre à vivre autrement : « pris dans la nasse d'une vie étrangère, une vie où il faut voter, travailler et aimer, une vie où l'on est tenu de s'engager, de prendre ses responsabilités et d'avoir des opinions, un vie régie par les règles de la propriété et du respect de la vie privée, une vie d'horaires, de rendez-vous et de tâches à effectuer ». Chassé de son seul logement fixe, il lui faut trouver du travail. Il retrouve André, un ex-auteur de thrillers politico-financiers, des best-sellers, qui avait eu son heure de gloire, reconverti dans le consulting, puis l'événementiel. Il a besoin de main d'oeuvre, car il veut créer sa propre religion, une secte adaptée aux besoins d'aujourd'hui, sans gourou, « avec du secret, du rituel et des cérémonies spectaculaires ». Ainsi on peut gagner de l'argent avec les cotisations, les formations, pas d'investissements, ce sont les adeptes qui font le travail et le reste n'est que bénéfice ! Au narrateur de s'occuper des démarches, de trouver un lieu, et surtout une idée, un mythe à recycler...
LE CHRONIQUEUR
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