Une biographie de plus sur l’icône de la chanson française réaliste et populaire de l’Après Guerre ? On peut voir le livre de ce côté-là du récit. Mais Robert Belleret est allé bien au-delà de ces habitudes, à savoir qu’il n’a pas cherché à son tour à embellir le mythe en ne racontant que les bonnes pages de la vie d’une star, celles qui font le bon scénario pour le cinéma. En près de 800 pages, il nous narre le quotidien de cette femme, exceptionnelle il est vrai, exceptionnelle peut-être parce qu’elle privilégia les excès en tout. Bien sûr, on ne peut raconter Piaf sans avoir en double, comme une autre vie au carbone, la carrière artistique de Piaf, car la chanson aura sans cesse été présente, quasiment jusqu’à son dernier souffle.
L’alcool, les fêtes, la drogue aussi, les accidents, la maladie, c’est le roman noir de Piaf, le noir qui avance en parallèle avec le blanc, les victoires, les tournées triomphantes, en France certes, mais aussi en Amérique, les hommes, nombreux, très différents, des inconnus qu’elle rendra célèbres, et tous ces succès qui sont à jamais imprimés dans notre mémoire collective. Décédée à 47 ans, elle aura réussi à vivre dix vies tant la démesure était en elle.
« A partir de témoignages, de documents rares et surtout d’archives, souvent inédites, nous avons patiemment suivi son parcours, aux limites de l’imaginable, que pourraient lui envier nombre d’héroïnes de films, de sagas sulfureuses ou de romans épiques » nous prévient l’auteur dans son prologue. C’est justement mot pour mot ce que nous aurions aimé écrire. Piaf en version « extra brut », sans maquillage, comme elle a vécu tout au long de son passage sur terre. Oui, elle pouvait être brutale, parfois méchante, d’autres diront qu’elle avait son franc-parler, c’était cela Piaf, un talent exceptionnel mais pas facile à vivre au quotidien. C’est aussi cette intransigeance qui la conduisit si vite vers la fin…
LE CHRONIQUEUR
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