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Un pays en colère ?

18/11/2013
« Chacun le sait depuis Michelet, la France est une personne, mais c’est alors aujourd’hui une personne bien malheureuse. A tous ceux qui l’observent, du dedans comme du dehors, elle apparaît habitée par le doute, rongée par l’inquiétude, submergée par la déception, exaspérée par le pouvoir politique, amère vis-à-vis de la gauche, anorexique vis-à-vis de la droite, déçue par son destin, incertaine d’elle-même et de son avenir, par-dessus tout déstabilisée à force d’anxiété. » C’est ainsi qu’Alain Duhamel débutait son essai intitulé « Les peurs françaises » en 1993.

 

Changerions-nous une phrase, un mot pour décrire l’état dans lequel la société française est en train de plonger ? Non, ainsi va la France depuis déjà vingt ans, engluée dans ses doutes et ses peurs, une génération élevée avec le sentiment que plus rien n’est possible et qu’inéluctablement nous sommes condamnés à disparaître d’un monde où tout se décide désormais sans nous. Sans nous parce que nous avons trop joué l’Etat providence contre la société marchande. 

Alors on fait semblant de s’étonner de voir le Président élu il y a moins de deux ans dégringoler mois après mois dans les sondages, à tel point qu’un prochain baromètre pourrait bien nous le situer à une cote à un chiffre. On fait semblant d’oublier que c’est celui que nous avons choisi parce que l’autre ne nous plaisait plus. Et nous serions prêts à en prendre un nouveau que nous rejetterions un an plus tard. Et ainsi de suite…

Personne ne pose la question essentielle aujourd’hui : la France peut-elle être encore gouvernée de manière démocratique ? Les Français désirent-ils tant que ça voir arriver aux affaires Marine Le Pen avec toutes les contradictions rangées dans son havresac, comme la sortie de l’euro et de l’Europe qui nous coûterait cash une descente aux enfers économiques. Croyons-nous réellement que l’Europe nous a appauvris et que le port du bonnet rouge suffira à nous remettre dans le bon sens ? 

 

Un cap, quel cap ?

De régulières enquêtes nous décrivent comme le peuple le plus malheureux et le plus pessimiste de la planète. C’est ce que nous pensons de notre situation. Et toute l’intendance suit : nous exigeons des réformes que nous refusons en descendant dans la rue, nous voulons plus de services publics mais pas d’impôts nouveaux, nous voulons stopper brutalement l’immigration mais nous chougnions dès qu’une famille est expulsée vers le Kosovo, le Mali ou la Roumanie, nous votons pour un type qui n’a aucun cap, aucune vision globale de notre avenir, et nous le lui reprochons un an plus tard. Serions-nous les gens les plus stupides de la planète ? Je n’ose croire en une réponse affirmative à cette question.

Bien sûr, les socialistes ont échoué, mais ce n’était pas difficile à prévoir, le programme de François Hollande était un recueil de mensonges. Il a fait croire aux Français que la cause de tous nos problèmes économiques était liée au train de vie de Sarkozy et aux cadeaux faits à ses amis, et les Français ont tout gobé avec délectation. La crise, quelle crise ? Avec optation, le peuple a demandé le départ de « l’usurpateur » pour avoir un Président « normal » à la place. Restait à définir cette « normalité » ? S’agissait-il pour le peuple de la simplicité, de l’inexpérience, de l’incapacité, ou au mieux de mettre en place quelqu’un qui ressemblât au peuple ?  

La France est une personne habitée par le doute, c’est vrai, mais d’où vient ce doute, qui nous a mis dans cet état-là sinon nous-mêmes ? Qui, depuis vingt ou trente ans réclame toujours plus, plus de vacances, plus de RTT, plus de services publics, plus d’équipements y compris dans les communes les plus modestes, plus de services d’urgence, de maternités, de policiers, de pompiers, plus d’allocations et d’aides diverses, plus de gratuité pour les plus démunis… c’est le peuple qui demande, mais c’est aussi le peuple qui ne veut jamais entendre parler de la facture. Pourtant, il faut bien payer un jour ou l’autre… Ce jour est arrivé.

 

Réformer les Français ?...

A la mi-novembre, la Commission Européenne a reproché à l’Allemagne la bonne santé de son économie, la jugeant « trop dynamique et pénalisante » pour les autres pays : salauds de riches ! Le même jour, tombait la note de synthèse de l’Insee sur le portrait social de la France en 2013 où était évoqué « une société confrontée à une crise profonde ». Cette crise profonde est le reflet de cette absence de cap, en clair on ne sait pas où François Hollande veut nous emmener. Le sait-il lui-même, on peut en douter… Ce qui parait aujourd’hui avéré, c’est qu’il a réussi à rassembler contre lui près de 80 % des Français, et personne ne voit pas comment il pourra redresser la barre, éviter d’autres icebergs géants, puisque c’est dit, à chaque levée fiscale correspondra désormais une nouvelle colère avec ou sans bonnets rouges. 

Et que son successeur soit bien averti, il en ira de même pour lui, ce qui, sans doute, n’est pas le moins inquiétant.

On dit au café du commerce que la révolte n’est pas loin. Non, la révolution dira Mélenchon ! Mais une révolution pour faire quoi ? Pour isoler le pays au sein du monde industrialisé et commerçant, isoler les Français de tous les bénéfices d’une expansion continue, car oui, nous n’avons jamais été aussi riches, ne l’oublions pas avant de jeter l’eau du bain et le bébé avec.

Notre salut réside dans le retour de la raison, de la sagesse, de l’économie, de l’arrêt d’une surconsommation de produits dont nous n’avons pas besoin et qui enrichissent nos principaux concurrents économiques du nadir, notre salut ne passera pas par un homme providentiel, ne nous avait-on pas « vendu » DSK puis Hollande comme tel ?

Notre salut sera au diapason de notre faculté à nous réformer. « Nous », car ce n’est pas la France qu’il faut réformer, mais les Français…

 

J. Nimaud

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