Le temps d’un premier conflit mondial, celui de 14-18, deux futurs grands écrivains se retrouvèrent face à face à la Tranchée de Calonne, et furent blessés le même jour. Maurice Genevoix et Ernst Jünger entendirent les mêmes sons, vécurent les mêmes émotions au milieu des mêmes odeurs : « Les bruits, le tumulte, la poussière, les hurlements des ordres à l’oreille parce qu’on ne s’entend plus, l’odeur du gaz et de la terre en fusion qui tombe comme de la grêle sur les casques, les obus si nombreux que l’on voit arriver comme des vols d’étourneaux… ». Bernard Maris (le gendre de Maurice Genevoix) décrit cette horreur absolue que furent ces combats absurdes pour un butte, un champ, un cimetière. Mais c’est à travers les pensées de Genevoix le Français et de Jünger l’Allemand que nous cheminons, jusqu’où le patriotisme peut-il porter ces hommes que l’on a mis face à face pour se détruire ?
« La guerre notre mère et cette putain » a-t-elle encore un sens sur la papier noirci par deux plumes qui seront parmi les plus célèbres de ce siècle naissant ? Non, puisqu’elle est la négation de toute intelligence…
LE CHRONIQUEUR
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