Roma, une petite ville tranquille du Kentucky, mais « une oasis dans le désert » car proche du Tennessee où l'on trouve tout : un bar, un dancing, de l'alcool à cinquante degrés. Y vivent des gens ordinaires, comme tout le monde ils se sont imaginé une autre existence, mais renferment en eux des espoirs déçus, des rêves brisés. Il y a Susanna Mitchell, professeur d'anglais, mariée à Dale professeur de musique et coach de la fanfare où il s'investit beaucoup. Susanna n'est pas heureuse, elle travaille comme son mari, mais doit s'occuper de tout le reste, elle se sent à la fois directrice, secrétaire et femme à tout faire de la famille. Et elle s'inquiète fortement pour sa soeur Ronnie qui a disparu depuis deux semaines, laissant tout en désordre dans sa maison et ne donnant aucun signe de vie. Ronnie travaillait à l'usine de confection, le reste du temps buvait beaucoup sans jamais avoir la gueule de bois, était accro aux drogues dures. Elle menait une vie que la plupart des gens voyaient d'un mauvais oeil, mais qu'elle jugeait épanouissante. Elle se voyait vieillir, ne voulait gaspiller sa vie qu'à la vivre, et n'enviait en rien celle de sa soeur, épouse et mère, qu'elle savait malheureuse. Pour la population de Roma sa disparition n'en est pas une, sauf pour le policier Tony Joyce, l'ex-star locale, autrefois joueur de base ball, le seul noir de son équipe à cette époque, un héros qui aurait dû terminer sa carrière en ligue majeure, mais à la suite d'une blessure a vu ses rêves de gloire brisés et est devenu flic dans une ville de dix mille habitants.
On croise également Wyatt Powell, ouvrier à Price Electric, surnommé Bouboule par ses collègues, une vie étriquée à travailler, et le reste du temps à dormir, regarder la télé et manger les mêmes plats frits, Sarah une infirmière solitaire, Christopher Shelton, un garçon intelligent et irritant. Et surtout Emily, une pauvre gosse, une enfant triste, étrange qui provoque amusement et parfois dégoût. C'est dans sa « forêt », un enchevêtrement d'arbres servant de décharge aux chantiers de construction, que se cache le secret de la disparition de Ronnie.
Une belle chanson douce et triste.
LE CHRONIQUEUR
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