Marie-Thérèse a quarante ans, mariée à un notaire de La Châtre, elle est directrice aux Editions de l'Abbaye. C'est une femme assurée, autoritaire, elle connaît la vie. Octave a vingt et un ans, il est orphelin, déteste attendre, n'est pas indulgent, il ne connaît la vie que dans les livres, a éprouvé des passions amoureuses, mais pour des héroïnes de fiction, elles lui font moins peur que les femmes réelles. Ils se croisent chez un disquaire de la Chaussée d'Antin, proche de l'église de la Trinité. Elle y cherche sa version préférée du « Chevalier à la Rose », lui la meilleure interprétation du « Don Giovanni » de Mozart. Ils devisent devant les vinyles classiques, nous sommes en 1967. Octave vient d'écrire un manuscrit au nom insolite « Le Quarante et Unième Mouton ». Elle va tomber sous le charme de cet auteur séduisant et séducteur qui ne croit pas en son livre, n'arrive pas à se mettre dans la peau d'un écrivain, ne tient pas à s'engager, mais au contraire à se désengager. Elle le protège par sa tendresse.
La sortie de l'ouvrage est prévue pour les premiers jours de Mai. Viansson-Ponté vient de publier son article « La France s'ennuie », tout bouge un peu partout en Europe et même ailleurs, la France est encore en torpeur. Bientôt tout sera balayé, Octave est troublé par l'arrivée de la nouvelle attachée de presse, Sophie, par sa jeunesse, sa vivacité, ses cheveux coupés à la garçonne, elle est attirée d'emblée, mais rien n'est facile entre malentendus, susceptibilités et amour-propre imbécile... Le printemps va s'enflammer, « un vent de révolte, de fête, d'utopie, de colère, d'exaltation, de jeunesse » va tout emporter, même Octave et Sophie.
LE CHRONIQUEUR
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