Marina Tsvétaïéva fait partie du quatuor de grands poètes que la Russie a donné à la littérature mondiale au XXè siècle, dont Pasternak. « Poète lyrique d'une puissante originalité, auteur dramatique, auteur de contes ainsi que de courtes proses marquées du même feu intérieur, elle a subjugué ses pairs en poésie... », en particulier Rilke. Elle émigra en 1922 et après Berlin, Prague elle s'installa à Paris avec son mari, Sergueï Efron qui avait combattu dans les rangs des Blancs. Comme beaucoup d'intellectuels, et comme son mari un an plus tôt, à la fin des années trente, elle choisit de retourner en Union Soviétique avec son fils Murr. Après dix-sept ans loin de la Russie, c'est un monde surréaliste qu'elle découvre, où l'on est soit un héros, soit une canaille, ou pour un rien l'on devient un traître. Elle apprend que des proches, dont sa soeur, ont été arrêtés et que Sergueï est malade. La grande purge a commencé, mais son ampleur n'est pas encore visible. Son mari, comme d'autres émigrés, a été assigné à Bolchévo, une bourgade proche de Moscou. Ils vivent dans une datcha au milieu des bois sans eau courante. Tsvétaïéva va passer les derniers mois de sa vie dans ce que l'un des habitants décrivait comme « un établissement carcéral préventif ». On peut sans peine imaginer le traumatisme subi : enfermement, impossibilité de s'isoler, de faire un pas sans témoin... et la prise de conscience de la réalité soviétique sous Staline. Puis arriveront les arrestations, celles de sa fille, de son mari. Epargnée avec son fils, elle partira pour Moscou puis sera déplacée à Elabouga car la guerre a éclaté. C'est là qu'elle mettra fin à ses jours, incapable de survivre.
Une très intéressante et bouleversante biographie.
LE CHRONIQUEUR
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