Irlande, comté de Galway, 1972. Susan O'Hallrahan songe à « l'éternelle solitude de sa vie ». Elle est veuve, mariée plus de trente ans auparavant, elle avait eu un enfant sur le tard, après de nombreuses fausses couches. Pendant sa grossesse, son mari était parti pour les Etats-Unis, il en avait assez de l'Irlande, comme tant d'autres il voulait y faire fortune. Il avait fait la guerre, vu les ruines et la mort, il voulait vivre. Quand son fils Diarmaid vint au monde, il était décédé, dans un accident d'ascenseur à Chicago, représentant de commerce au chômage. Diarmaid naquit le lundi de Pâques 1954. Elle savait qu'il était marqué par le destin. Elle avait ouvert une boutique de vêtements qu'elle confectionnait, très appréciés par la population locale. Elle avait tenté d'élever son fils seule. Quelque chose l'effrayait en lui : son silence. « Il était si noué sur lui-même. Comme une chaussure aux lacets inextricablement serrés ». C'était un rêveur, « il fabriquait des formes, assemblait des bouts de carton, des coquilles d’oeuf, de la bourre... », il confectionnait des icônes. Les années à le voir grandir seront des années difficiles, muettes, sombres. Rien ne passera entre elle et son fils. Elle le verra se rapprocher d'un autre garçon qui se pendra, puis il partira pour Londres et elle se mettra à l'attendre. Il reviendra pour mieux disparaître. Alors elle partira à sa recherche, en quête de ce fils qu'elle a laissé échapper. Le fruit de ses entrailles est la personne qu'elle connaît le moins au monde.
Ce roman magnifique, rare, paru en 1976 et passé inaperçu alors, connaît aujourd'hui une deuxième vie méritée, c'est une oeuvre envoûtante, fascinante au style très particulier, de la part d'un auteur très mystérieux à découvrir.
LE CHRONIQUEUR
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