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Les temps sauvages

24/07/2015
Les temps sauvages, par Ian Manook, chez Albin Michel, 22,00 €

En ces temps caniculaires, s'il est un livre à lire c'est bien celui-ci, non seulement parce qu'il s'agit d'un ouvrage excellent, mais parce qu'il est particulièrement rafraîchissant. Ici le thermomètre affiche entre moins vingt-cinq et moins trente : nous sommes en Mongolie, en hiver, et c'est encore pire quand le dzüüd, « le malheur blanc » frappe le pays, un blizzard capable de tuer des millions d'animaux qui pousse les nomades à quitter la steppe et à venir mendier aux portes d'Oulan Bator, l'une des villes les plus polluées au monde.

Pour l'heure dans cette steppe glaciale où respirer donne l'impression d'avoir des brisures de verre dans les sinus, l'inspecteur Oyun examine une bizarre scène de crime : un empilement de cadavres. Le dessus est composé d'un yack éventré, animal pesant au bas mot trois cents kilos, sous lequel se trouve un cheval fracassé par le poids de la bête. Jusque là rien ne justifie sa présence, sauf que sous l'amas d'animaux, il y a le cadavre d'un homme, le cavalier, et que pour connaître son identité, il faut décongeler tout ça !

Bien loin de là, dans la Zone Strictement Protégée du Massif de l'Otgontenger, protégée pour sa faune et sa flore et aussi pour l'esprit sacré qu'il représente aux yeux des Mongols, Yeruldelgger est sur une autre scène de crime, bizarre elle aussi. Agop le conservateur du lieu, le professeur, a découvert un fémur humain amené par des vautours charognards et non loin de là, coincé dans l’anfractuosité d'une falaise, les restes du corps auquel il appartenait.

Deux cadavres des plus étranges, mais Yeruldelgger est aussitôt inculpé par les Affaires Spéciales du meurtre de Colette, un de ses anciens indics. Il n'est pas n'importe qui, avant d'être flic il était moine schaolin du Septième Monastère, il est craint. Ces enquêtes ont des ramifications très lointaines, jusqu'en France et vont le mener avec son équipe sur la piste de contrebande d'êtres humains, d'enfants, à travers des villes fantômes, des zones à jamais irradiées, « cadeau » du grand frère soviétique lors du Régime d'Avant.

Un polar inclassable, un western d'aujourd'hui, un livre très original, émaillé de citations d'écrivains français, de dialogues façon Audiard des Tontons flingueurs, signé Ian Manook, pseudo de Patrick Manoukian, auteur français qui a rencontré avec le premier tome de Yeruldelgger un succès mondial.

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