1940 à Paris : « les Allemands ont accroché leur étendard à croix gammée sous la grande arcade de l'arc de triomphe ». Une bande d'amis a l'habitude de se retrouver au café Eva tenu par Jo. Il y a Josette, une jeune fille secrète et solitaire, orpheline, qui ambitionne après son bac de préparer l'Ecole Normale. Elle est la gentille fille, la bonne amie. Il y a Charlie, un noir américain, clarinettiste de jazz. Lucienne est la débrouillarde, en attendant son bac elle « fait le mannequin » et veut jouir de la vie. Odette l'exubérante, la frivole, travaille dans une boulangerie, c'est la reine des bons mots et veut se faire passer pour une croqueuse d'hommes. Sarah, la petite shampouineuse va bientôt être en danger parce que juive. Jean, le cinéphile compulsif, est anéanti par la défaite, l'armistice. Il y a Pierre, le double de Jean, son « faux-frère jumeau », le fou de jazz qu'il a découvert très tôt. Et enfin Marie, serveuse le jour et chanteuse la nuit. Ils se retrouvent après les premières semaines de l'Occupation, dans un Paris morne, vide, zébré des panneaux de signalisation allemands, après l'exode. Il ne manque d'Henri prisonnier de guerre.
Même aux heures les plus sombres, Paris n'a jamais renoncé et eux non plus ne veulent pas baisser les bras. Ils ne veulent pas qu'on leur vole leur jeunesse. Ils ont fait don de leur vie au swing, car « le swing fait danser les gens au lieu de les faire marcher au pas » et se battront avec les armes des zazous : la dérision, la provocation avec leurs vêtements, leur façon de vivre. Ils seront le grain de sable qui grippe la machine.
Un roman passionnant et un formidable catalogue de la vie quotidienne de la vie sous l'Occupation.
LE CHRONIQUEUR
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