La vie est devenue bien difficile à Jeanette, petite ville de Louisiane méchamment touchée par l'ouragan Katrina cinq ans plus tôt, et aujourd'hui confrontée à la marée noire qui vient polluer les côtes et menace le bayou. Ici l'on vit, ou plutôt survit, grâce à la pêche, mais les crevettes sont de plus en plus rares et de moins en moins grosses. On est bien loin des prises fabuleuses et les marais ont changé depuis que les compagnies pétrolières ont débarqué avec leurs pelleteuses et se sont mises « à bouffer de la terre ». Les pêcheurs sont contents lorsqu'ils gagnent de quoi payer leurs factures et nourrir leurs familles. Ils ont le dos bousillé à trente ans, à quarante ans ils marchent au bourbon et aux anti-douleur et à cinquante ans, la plupart sont foutus.
Ici vivent là des personnages plus pittoresques les uns que les autres. Ainsi les frères Toup, qui font pousser du cannabis en grand dans le bayou. Ils sont jumeaux, Reginald est le plus « diplomate », Victor est le plus explosif. Il y a Lindquist le manchot, accro à l'oxycontin. Il a perdu un bras et même sa prothèse, volée par les Toup. Il parcourt le marais avec son détecteur de métaux, persuadé qu'il renferme un trésor, celui du pirate Jean Lafitte, et s'est juré de « retourner jusqu'à la dernière motte de terre de tout le sud de la Louisiane ». Wes Trench travaille sur le crevettier de son père. Sa mère a perdu la vie lors du passage de l'ouragan, son père ayant refusé de quitter la maison, elle s'est noyée. Quant à Cosgrove, il atterrit dans le coin, après être venu enterrer son père. Il y est condamné à deux cents heures d'intérêt général, suite à une bagarre. Enfin il y a Brady Grimes, un agent de liaison, employé par BP, chargé de minimiser les risques de responsabilité des compagnies pétrolières et de verser des indemnités aux habitants évitant les poursuites judiciaires.
Un extraordinaire roman, à la fois drôle et noir, cynique et bouleversant.
LE CHRONIQUEUR
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