Ah ! Donnez-moi des jambons, des saucisses, des pâtés en croûte ou de foie, du lard, du boudin, des grattons, la queue, les oreilles et le toréador. Et puis, tiens, comme ça, pour la route, remettez-moi quelques rondelles de saucisson, du à l’ail, le chef y préfère le à l’ail. Et vite ! Et quick !
C’est connu, dans le cochon tout est bon, mais apparemment pas le bacon qu’une grande enseigne de fast food, Quick, vient de supprimer pour le remplacer par de la dinde. Désormais, c’est choix unique, menu halal. Une sorte d’intégration à l’envers. Vous me direz, ce n’est pas une première puisque le porc a déjà disparu des menus des compagnies aériennes et de la majorité des cantines. A ce rythme, d’ici à dix ans la cochonnaille sera prohibée et vendue sous le manteau, parce que non conforme aux règles d’une « hygiène saine ».
Quick halal, c’est à Roubaix, mais on l’aura compris c’est aussi un test destiné à mesurer les réactions des consommateurs. Le maire (PS) de Roubaix est monté au créneau, il menace de saisir la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations, plus habituée il est vrai à sanctionner dans l’autre sens.
Bon, si Quick a décidé de miser sur une clientèle ciblée c’est son droit, c’est du marketing. Mais il y a un problème : aujourd’hui, l’enseigne Quick a pour actionnaire principal la Caisse de Dépôts (qui vient de racheter la marque 800 millions d’euros au Belge Albert Frère), dont l’actionnaire principal est l’Etat. Nous n’avons peut-être pas gardé les cochons ensemble, mais il y a une sorte de pacte entre l’Etat et nous, son rôle étant d’administrer les affaires du pays, et peut-être y compris de protéger les 3 Petits Cochons du Grand Méchant Loup.
Alors si l’Etat laisse faire, adieu jambon-beurre et grattons bien gras à l’apéritif… même le cochonnet devra s’effacer des terrains de pétanque pour laisser la place au dindonnet.
LE CHRONIQUEUR