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Epitomé de deux décennies

25/11/2013

"Chacun sait depuis Michelet, que la France est une personne, mais c'est alors aujourd'hui une personne bien malheureuse. A tous ceux qui l'observent, du dedans comme du dehors, elle apparaît habitée par le doute, rongée par l'inquiétude, submergée par la déception, exaspérée par le pouvoir politique, amère vis-à-vis de la gauche, anorexique vis-à-vis de la droite, déçue par son destin, incertaine d'elle-même et de son avenir, et par-dessus tout déstabilisée à force d'anxiété." C'est ainsi qu'Alain Duhamel débutait son essai intitulé "Les peurs françaises" en 1993. Il y a donc vingt ans. 

A votre avis, est-il besoin de changer une phrase pour décrire l'état dans lequel la société française est en train de plonger ? Non, ainsi va notre pays depuis vingt ans, englué dans ses doutes et ses peurs, et cette crise apparue il y a cinq ou six ans n'a bien sûr rien arrangé. Le temps d'une génération et nous nous retrouvons avec le sentiment que plus rien n'est possible et qu'inéluctablement nous serions condamnés à disparaître d'un monde où tout, désormais, se déciderait sans nous. Mais peut-être "sans nous" parce que nous avons trop compté sur l'Etat-providence au détriment de la création de richesses ?

Et chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles. Cette semaine, nous avons eu la confirmation que l'année 2013 sera historiquement élevée en termes de défaillances d'entreprises, peut-être parce que celles-ci sont les plus taxées d'Europe avec 64,7 % (seule l'Italie fait mieux !), alors que la moyenne Europe est de 41,1 %, qu'il n'y aura pas de baisse du chômage avant 2015 d'après l'OCDE, et pour arranger le tout, un sondage nous apprenait que pour 62 % des professeurs de collège, l'entreprise serait un "lieu d'exploitation"... de l'homme par l'homme oserais-je ajouter... Quant à la note de synthèse de l'Insee sur le portrait social de la France en 2013, elle évoque "une société confrontée à une crise profonde". Retour à l'analyse de Monsieur Duhamel qu'il faudrait graver dans le marbre et déposer à Sèvres...

Pourtant, cette même semaine, la Commission Européenne reprochait à l'Allemagne la bonne santé de son économie, la jugeant "trop dynamique et pénalisante" pour les autres pays : salauds de riches !

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