Au début, je pensai reprendre le vieux succès de Charles Trenet « Revoir Paris ». Mais la voix n’y était pas, alors j’ai préféré « aimer, boire et chanter » de Strauss, pas celui de la canne mais de la baguette. Bref, marre de toutes ces relevailles célébrant la victoire du pot de fer contre le pot… de fer. La gigantomachie est avancée, on est prié d’applaudir !
Alors je me suis fait une toile, un vieux machin de Claude Sautet, « Vincent, François, Paul et les autres ». Un truc qui nous montre la vie d’avant la surmédiatisation, le fric roi, avant la misère d’en France, celle qu’on nous décrit quotidiennement, celle d’avant le pouvoir actuel qui, toujours d’après l’intelligentsia journalistique parisienne, ferait passer Pinochet pour Pimprenelle, Nicolas restant bien sûr Nicolas. Cette France de Sautet, celle de 1974, pile entre la fin de Pompidou et les débuts de Giscard, où l’on consommait des produits qui payaient des charges, donc créaient des emplois ici en France, et non au nadir parce qu’il faut que nous entretenions les classes moyennes chinoises (et indiennes), une France qui ne devenait pas difforme à cause de l’abondance de bouffe ingurgitée à longueur de journée devant des écrans déversant des ruisseaux de boue et d’immondices, une France qui, certes, n’offrait pas encore de logements avec tout le confort à tous ses habitants, n’avait pas de téléphones portables (ni même avec fil parfois), pas d’Internet, de vidéos, d’avions que l’on prend désormais comme l’autobus, de zones commerciales pour occuper nos week-ends, et qui ne connaissait pas les petits caïds roulant berline, contrôlant des quartiers, et bénéficiant de l’absolution d’une société culpabilisée à outrance par cette même intelligentsia citée plus avant.
Cette France de 1974 n’avait pas encore inventé la prise en charge totale de l’individu depuis les soins au logement gratuits, en passant par des brassées d’allocations, elle n’avait pas inventé les RTT et la 8ème semaine de congés payés, elle avait deux millions de fonctionnaires de moins, mais pas de déficits et de dettes, c’est peut-être pour cela qu’elle arrivait à fabriquer sur place.
Mais voilà, il y a plus grave encore, dans les films de Sautet, vous l’aurez remarqué, on y boit et on y fume exagérément. Vite, une cellule d’aide psychologique !
(9/9/2011)
LE CHRONIQUEUR