En 1992, un rapport de la Cour des Comptes dévoilait que 100,7% de la population étaient couverts par la Sécurité Sociale. On sait que normalement tous les Français et étrangers vivant sur le territoire sont assurés sociaux cotisants ou non, ce qui nous amène à 100%, les 0,7% de surplus doivent correspondre aux membres des famille Kafka et Ubu, sans oublier les ayants droit des Pieds Nickelés.
Globalement, le budget de la « Sécu » représente quelque 450 milliards, soit un quart du PIB, ou encore dix fois l’impôt sur le revenu et quatre fois les recettes de la TVA. On ne fait donc pas dans le petit bras, c’est du lourd, et même en dévissant 30 jours de suite, le CAC 40 n’arriverait pas à fumer une telle somme ! Et ça ne suffit pas puisque chaque année il y a du déficit. Déficit ramené de 18 à 13 milliards pour l’an prochain nous dit-on, mais on sait bien qu’on nous fera encore les poches pour boucler les fins de mois puisque la maladie nous gagne.
Les dépenses de santé ont augmenté de 50% en dix ans : l’abîme appelle l’abîme ! Combien de temps pourra-t-on préserver ce système né en 1945 quand « sécurité » remplaçait « assurances » sociales ? Si le déficit est momentanément réduit, en partie grâce à la hausse de 3,7% de la masse salariale l’an passé et à celle des prélèvements obligatoires (comprenant les déremboursements), il est évident qu’avec le vieillissement de la population et la banalisation des arrêts de travail qui représentaient en moyenne l’an passé 14,5 jours par salarié – il est vrai que les Français se disent « cassés et épuisés » ! -, ce déficit risque de connaître une expansion suicidaire.
« Le pire dans le pire, c’est l’attente du pire » écrivit Samuel Beckett. Là encore, gauche et droite se mangent le foie à propos de cette usine à gaz financée en grande partie par l’emploi. Quand Bernard Thibault, patron de la CGT, dit que nos « entreprises disparaissent parce qu’on valorise davantage le capital que le travail », il a raison… mais seulement pour les entreprises du CAC 40. Et par définition, elles ne sont que 40. Ce sont les millions d’autres qui financent à travers les cotisations patronales et salariales cette Sécu qui paie souvent tout et n’importe quoi.
(30/11/2011)
LE CHRONIQUEUR