« La gravité fait le bonheur des imbéciles » écrivit Montesquieu. Ceux qui s’auto-congratulent depuis ce vendredi 13 qui a vu la note de la France dégradée, devraient mettre une sourdine à leurs vivas hypocrites. Et là je rejoints monsieur Mélenchon pour sa réaction épidermique, sans pour autant partager son analyse partisane inspirée des théories économiques de Plekhanov.
Mais regardons l’affaire autrement… Qui, si ce n’est un organisme anglo-saxon, Standard&Poor’s, filiale du groupe Harold McGrow, dont le boss est un fervent soutien du candidat républicain Mitt Romney, qui a décidé de flinguer le même jour neuf pays de la zone euro au moment où les marchés se stabilisaient ? C’est d’ailleurs le même organisme qui a dégradé en août 2011 la note d’Obama, le président tant adulé par ceux qui critiquent chez nous le gouvernement.
Et en filigrane, de quoi s’agit-il réellement ? De dézinguer l’euro, cette monnaie européenne qui gène le roi dollar, et nos voisins britanniques, toujours détenteurs de la meilleure note alors que beaucoup viennent se faire soigner chez nous, et que nombre de quartiers de leurs grandes villes ressemblent à la Roumanie des années 70. Alors on a commencé par sanctionner les mauvais élèves, ceux qu’on appelle le « Club-Med » de l’Europe, la Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, et puis, comme par hasard, au moment où la France et l’Allemagne sont sur le point de passer un accord sur la taxation des transactions financières, patatra, Standard&Poor’s rend les copies et met un bonnet d’âne à la France, et pour faire bon poids, à huit autres pays de la zone euro.
Désormais, on le sait, la guerre économique ne fera pas de prisonniers, et ceux qui ont décidé de la mort de l’euro trouvent des complicités involontaires, voire imbéciles, ici en France, parce que nous sommes en période électorale et que tous les coups sont bons à porter. Ce n’est donc pas un hasard si cette dégradation est intervenue à cent jours de la présidentielle… sorte de clin d’œil anglo-saxon aux Cent Jours de celui qui fut mis à terre il y a bientôt deux siècles.
En tout cas, les tontons flingueurs nationaux ne devraient pas oublier que la perte de ce triple A est aussi due aux 630 milliards versés au titre de la politique sociale, soit le tiers de nos dépenses, niveau unique dans le monde, et aux bataillons pléthoriques d’emplois publics, parfois le double de nos principaux concurrents économiques. Est-ce là qu’il faut tailler ? Sortez les programmes !
LE CHRONIQUEUR