La crise ? Non, une fiction télé
En fait, soixante-douze ans après la Drôle de Guerre, les Français semblent encore croire à l’efficacité et l’inviolabilité de la Ligne Maginot. L’ennemi ne passera pas, mais cette fois-ci le Prussien n’est plus le seul adversaire, en fait c’est le monde entier qui nous en veut, désormais c’est la mondialisation et le libéralisme sauvage tueurs de pauvres gens qui nous menacent. Aux armes citoyens, formez vos bataillons et entrez en résistance ! Rendez-vous compte, des pays émergents, que l’on chérissait lorsqu’ils étaient très pauvres au nom de cet humanisme chevillé au corps et en soutien à leurs révolutions souvent (toujours) marxistes, ont finalement émergé et mettent en danger notre douce quiétude d’enfants du baby boom.
Et aujourd’hui, ces mêmes enfants du baby boom voudraient nous faire croire que nous pouvons ignorer cette concurrence, l’obliger à passer ailleurs que chez nous en fermant nos frontières pourquoi pas – ce que François Mitterrand avait envisagé de faire en 1983 avant de nous pondre cet incroyable carnet de change qui nous interdisait de sortir du pays plus de deux mille francs par an et par personne (320 €) -, voire en bâtissant une nouvelle Ligne Maginot économique qui empêcherait les troupes de la mondialisation et du libéralisme sauvage de passer nos frontières en mettant en péril nos chers acquis.
Le « confort de nos illusions » serait ainsi préservé, retraite à 60 ans (et même 50/55 ans pour certains fonctionnaires épuisés), création massive d’emplois publics, augmentation de 50% des allocations… Et comme dirait monsieur Poutou qui a repris la clientèle de monsieur Besancenot, de la viande midi et soir pour tout le monde ! Bienvenue dans la France du refus.
La crise, quelle crise ? Tout cela n’est qu’invention des riches amis de monsieur Sarkozy. On nous dit que la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, même le Royaume Uni, vont mal : mensonges ! Il n’y a pas de crise européenne ou mondiale, il n’y a qu’une crise française, crise sociétale profonde apparue soudainement à partir de 2007, et qui a transformé notre beau pays prospère et généreux en un territoire de désolation, ravagé par la pauvreté, la précarité, la faim et la mort. Un cataclysme généré par la scandaleuse réforme des retraites que les syndicats, la gauche et donc les médias ne voulaient pas.
Maintenant, voici les « résistants » !
Depuis, s’est instauré un « axe de la haine » contre ce Sarkozy, axe que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de Nouvelle Résistance. On croit rêver ! Les voilà maintenant dans la résistance, couchés sur les ailes d’une Traction avec le brassard FFAS pour Forces Françaises Anti-Sarkozystes. Facile de faire de la résistance planqué dans les bons jobs, les beaux quartiers et dans les dîners mondains de cette capitale aux âpres relents pétainistes. Il faut les voir défiler sur les ondes les prétendants à un poste digne de leur rang, de leur naissance, de leur suffisance, astiquant le mocassin de monsieur Hollande. La France des brouteurs de derrières fait de la résistance !
Et ils s’étonnent ces petits marquis qu’un Président annonce, en cas d’échec électoral, qu’il s’en ira faire autre chose ? Bien sûr, quand on ne sait rien faire d’autre que d’être « au service de ses concitoyens »… à 20.000 euros par mois, c’est excusable.
Et franchement, cette déclaration n’est pas comparable à celle d’un de Gaulle annonçant son départ en cas d’échec au référendum en avril 1969. Un échec que le Général avait commenté ainsi : « Ils n’ont pas dit non à de Gaulle. Ils ont dit non à l’effort. Ils ont choisi le renoncement. Ils ont choisi d’être un petit peuple. »
Bien sûr, l’époque n’est plus la même, les mots étaient durs, peut-être alourdis par la rancœur, mais on avait bien mis dehors celui qui avait remis le pays en ordre de marche.
Jérôme Nimaud
LE CHRONIQUEUR
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