Et si « qui vous savez » décidait de plier les gaules et de s’en aller ailleurs faire autre chose, s’en aller loin de cette suffisance du savoir absolu assenée par des cacophonistes revanchards. Ailleurs c’est des fois pas mal, et autre chose c’est déjà se débarrasser des exigences qui vous valent des tombereaux de boue balancés par des gens qui ne font plus des idées un combat, car des idées ils n’en ont pas. « Il faut que le petit dégage » entend-on déjà dans les dîners branchés de cette capitale qui pue le pétainisme et le fiel des 3ème et 4ème Républiques.
« La France est une nation avachie qui pense seulement à son confort, qui ne veut pas d’histoires, qui ne veut pas se battre, qui ne veut faire de mal à personne » avouait, sans doute avec amertume, le général de Gaulle après l’échec de son référendum d’avril 1969. Certes les propos étaient exagérés, mais peut-être pas si éloignés de la vérité. Car quelle est l’ambition actuelle ? Les plus radicaux en appellent au repli sur soi, au sortir de l’euro et de l’Europe, et les plus pétochards voudraient faire de la France une sorte d’ONG sans armée, sans nucléaire, sans autos, sans OGM, un flan mou où l’égalité consisterait à trancher tout ce qui dépasse. Au milieu, il y a ceux qu’on qualifie de partis de gouvernement, et qui, à gauche comme à droite, regardent déjà le coup d’après, celui qui permettra à chacun de sauver son siège de parlementaire.
La gauche aimerait bien revenir au pouvoir, et pour beaucoup de ses solistes ce sera l’occasion d’une ultime tournée, quant à la droite, elle se demande si une éventuelle défaite ne lui ouvrirait pas les portes des palais régionaux, là où se trouvent les budgets, peut-être le vrai pouvoir actuel.
« Il faut que les Français acceptent dix années d’efforts » dit l’économiste Bernard Maris. Dix ans ? Mais même six mois il n’en est pas question ! D’ailleurs les enquêtes le disent, en 2012, les Français veulent « décrocher », prendre du temps pour les loisirs.
Alors, oui, pourquoi pas cette fameuse « tentation de Venise » qu’une simple phrase rendrait accessible : « Je ne me représenterai pas. » Que deviendraient les mensonges sur les milliards dépensés pour rien, sur la casse sociale alors qu’on n’a jamais consacré autant d’argent pour ce secteur, et ces témoins à deux balles que l’on dévoile chaque jour dans la presse pour « sortir une nouvelle affaire » ? Cette tentation de Venise que de Gaulle avait concrétisée après son référendum manqué.
LE CHRONIQUEUR