RECHERCHER SUR LE SITE

Dossiers politiques

« Une société, en droit, c’est une personne morale. J’aime bien cette formule parce qu’elle rappelle que toute société, la nôtre par exemple, le monde occidental qui est dominant depuis cinq siècles, est comme une personne et que donc elle vieillit, et qu’elle sera remplacée un jour par une autre. » C’est ainsi que s’exprime l’un des personnages du dernier roman de Francis Dannemark « Du train où vont les choses à la fin d’un long hiver. » Même sortie de son contexte littéraire, cette phrase est d’une limpide évidence, du moins au premier degré. Nous avons terriblement vieilli en très peu de temps, disons 20 ans, et cela ne ressemble même pas à une crise existentialiste – et surtout pas de croissance ! -, c’est comme si nous étions arrivés au bout du rouleau à force de nous faire corriger jour après jour par ces minorités dominantes et autoritaires. Minorités qui ont pris le pouvoir grâce aux médias, séide de ce « Tout Puissant Moralisateur ».
Du premier chef, Ludovic-Oscar Frossard, au dernier, Pierre Laurent, donc depuis décembre 1920 à nos jours, nous allons vous raconter une histoire de 90 ans qui avait plutôt bien débuté, et qui s’apprête à donner ses ultimes représentations ? C’est bien sûr celle du Parti Communiste Français, né de la scission de la SFIO au congrès de Tours lorsque nombre de militants émirent le souhait de rejoindre l’Internationale Communiste (ou Komintern). La SFIC (Section Française de l’Internationale Communiste) ouvrira la voie, et dès l’année suivante on parlera de Parti Communiste.
S’agit-il d’un putsch façon généraux d’Alger, d’un coup d’Etat, d’une révolution, ou plus raisonnablement d’une révolte perpétrée au moyen de l’instrument le plus légaliste et démocratique : le bulletin de vote. Oui, ce petit bout de papier qui, multiplié, non pas à l’infini, mais à quelques millions d’exemplaires commence à faire du raffut dans le landerneau feutré des maisons de tradition ayant pignon sur rue et un fort réseau de VRP à travers le pays. Mais que diable, n’ouvrons pas la porte à cette concurrence-là si elle ne réunit pas les critères traditionnels et convenus définis par la République dite une et indivisible, mais que chacun s’évertue à diviser au moindre prétexte. Une division née, comme souvent, d’une soustraction.
« Chacun le sait depuis Michelet, la France est une personne, mais c’est alors aujourd’hui une personne bien malheureuse. A tous ceux qui l’observent, du dedans comme du dehors, elle apparaît habitée par le doute, rongée par l’inquiétude, submergée par la déception, exaspérée par le pouvoir politique, amère vis-à-vis de la gauche, anorexique vis-à-vis de la droite, déçue par son destin, incertaine d’elle-même et de son avenir, par-dessus tout déstabilisée à force d’anxiété. » C’est ainsi qu’Alain Duhamel démarre son essai « Les peurs françaises » (Flammarion)... enfin, démarrait son essai en janvier 1993. Changeriez-vous une phrase, un mot vingt ans plus tard, et ce après la fin du second mandat de François Mitterrand, le premier et le second de Jacques Chirac et celui de Nicolas Sarkozy finissant, et après Bérégovoy, Balladur, Juppé, Jospin, Raffarin, Villepin et Fillon à Matignon ?
« Ne pas monter une France contre l’autre », ce fut l’attitude adoptée par Jacques Chirac lors des grandes grèves de l’automne 1995 qui, quelques mois plus tard, aboutiront à la dissolution et à l’arrivée de Lionel Jospin comme Premier ministre de cohabitation, la troisième en onze ans après 1986 et 1993. Il ne fallait surtout pas rappeler quelques vérités durant ces deux mois qui virent cheminots, gaziers, policiers et autres agents de l’Etat occuper la rue, des vérités qui auraient pu amener les Français à s’interroger… à se diviser ? La concorde est obligatoire chez nous, du moins dans le combat que le peuple doit mener au quotidien : le salarié contre le méchant capitaliste !
« La dégradation rapide de la situation financière des régimes de retraite en 2009 et 2010, dans un contexte de crise économique et financière, intervient alors que les régimes sont structurellement déficitaires du fait de l’arrivée à la retraite des générations nombreuses du baby boom depuis 2006 et de l’allongement continu de l’espérance de vie à 60 ans, qui augmenterait de plus de quatre ans d’ici à 2050. »
C’est ainsi que le rapport du COR ou Conseil d’Orientation des Retraites du 27 janvier dernier ouvrait le débat, un débat qui, on le devine, sera l’une des clés de la prochaine présidentielle.
Que ce soit de la Grande Terreur de l’An Mil sous Robert II le Pieux annonciatrice de fin du monde au changement de millénaire, à la Grande Peur de l’été 1789 suscitée par le complot imaginaire des aristos visant à détruire les blés verts pour affamer le peuple et qui aura sa conclusion avec la Nuit du 4 Août et l’abolition des privilèges, on peut mettre cet effroi et cette inquiétude sur le compte de l’ignorance des plus faibles face à la complexité des éléments qui gouvernent la bonne marche de l’univers, ou des hommes qui gèrent la bonne marche des affaires d’une nation.
De la Grande Terreur on retiendra un affrontement entre croyance et superstition au moment de conclure une ère de mille ans qui aurait pu être, pour certains, une véritable fin de toute vie sur terre, et de la Grande Peur initiée par les organisateurs d’une révolution, on verra le souci de voir s’accomplir une œuvre politique qui consistait pour une classe, la bourgeoisie, à prendre le pouvoir et les biens à une autre classe, la noblesse.
« Il n’était pas à gauche mais à l’Est » avait-on coutume de dire sous le manteau à propos du Parti Communiste Français, la franchise européenne à l’emblème de la faucille et du marteau la plus fidèle aux diktats de la maison mère. Il faut dire que le gros des moyens financiers venait de là-bas et non pas de la vente du muguet le 1er mai. Et ce n’est pas par hasard si cet alignement parfait avait pris racine chez nous. L’histoire des mouvements ouvriers depuis le 19e siècle, des syndicats politisés et de la seconde Guerre Mondiale a fertilisé un terreau où pousse encore, à travers divers mouvements, y compris au sein d’une minorité du Parti Socialiste, l’idéologie marxiste et bien sûr l’anticapitalisme. Il n’y a pas si longtemps, Jean-Luc Mélenchon déclarait à Marseille, « le capitalisme n’est pas légitime à mener les hommes, nous avons mieux à proposer. »
« Le Droit au Sens », n’était-ce pas le titre d’un essai écrit par François Bayrou en 1996 alors qu’il occupait le poste de Ministre de l’Education du gouvernement Juppé ? « Les peuples et les hommes ont perdu leurs racines et leurs repères » expliquait-il alors, ajoutant « le monde est redevenu hostile et l’homme y vérifie sa faiblesse et son incertitude. C’est le moment de ressaisir la vieille entreprise de l’humanisme et de la remettre sur le métier. C’est le moment de mépriser les tempêtes et les dangers. Pour sauver l’essentiel, c’est le moment d’en appeler à l’intelligence et à la conscience, de refaire le chemin de la Renaissance et des Lumières, de refuser la fatalité. » Mais allons-nous bâtir de nouvelles cathédrales et écrire les livres qui serviront de socle à la pensée des 21e et 22e siècles ? On peut rêver, pour les Lumières on sait que le dernier a éteint en sortant.
Qui d’ailleurs pourrait construire des cathédrales, qui écrirait des Messes en si mineur et des symphonies, quant aux livres, il n’y aura bientôt plus personne pour les lire, les bibliothèques se vident, la société est partie sur la route du chaos, de l’inculture et de la barbarie. La violence règne en maître à l’école, dans la rue, au travail et à la maison. Déjà, hors politique, le sens du Centre, celui qui symbolise la modération, a perdu ses repères.
Il est loin le temps béni des européennes où l’UMP, forte de ses 30%, virait en tête après … l’unique tour. On se mit à rêver d’une élection où le parti arrivant en tête emporterait la majorité des sièges, une élection à l’anglaise par exemple, un truc moderne qui nous ferait sortir des interminables tractations et marchandages d’entre les deux tours. Sauf bien sûr que ces mêmes tractations pourraient (et devraient) intervenir avant l’élection. On pourrait appeler cela les « territoriales », un peu ce qui nous est promis pour 2012 à la place des régionales et cantonales…
En ligne
10 visiteur(s) 0 membre(s)