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Dossiers économiques

C’est un marronnier comme on dit, en politique il y a la posture et il y a la réalité. Les deux s’ignorent, apparemment ils n’ont jamais entendu parler l’un de l’autre, et c’est tant mieux, les présenter compliquerait terriblement le mécanisme à ressort que l’on remonte le temps d’une campagne électorale ou d’une visite d’usine en difficulté, et qui vous pète au nez aussitôt après. Bref, entre la posture et la réalité quotidienne c’est chacun pour soi.
Au moment où les députés socialistes français avalaient leur chapeau en votant le Pacte de Stabilité élaboré au printemps par Merkel et Sarkozy, ce même Pacte contre lequel ils avaient ferraillé ferme en le stigmatisant durant la campagne électorale, la France et l’Allemagne entérinaient l’idée de supervision bancaire commune, système destiné à couper les liens entre les banques (6.000 en Europe) et les états, et qui sera opérationnel, si tout va bien, en 2014.
« L’Europe est en train de sortir de la crise » s’emportait aussitôt François Hollande oubliant un peu hâtivement que si le risque financier recule, le risque économique augmente proportionnellement, car ce n’est pas la monnaie qui améliorera la croissance en Europe mais la création de véritables emplois, en France comme ailleurs, et non pas des « emplois croupions » payés par l’Etat, donc destructeurs futurs d’emplois marchands.
Faudra-t-il commander un requiem pour PSA afin que chacun fasse son deuil d’une histoire qui est en train de s’achever, « un séisme » pour reprendre l’expression de l’une de nos pointures nationales de la sphère économique, M. Bernard Thibault, contremaître à la CGT ? En fait, le requiem sera pour ce magnifique symbole de notre suffisance, de notre nombrilisme et de notre irresponsabilité chronique, à savoir « l’exception française », cette exception qui a nous permis d’ignorer les bouleversements économiques comme un skieur poursuivi par une avalanche nous dira tous les cent mètres, « jusqu’ici tout va bien ! »
Avant la grande conférence sociale des 9 et 10 juillet on nous le répétait à l’envi, il n’était pas question de toucher à la CSG. Après la conférence sociale, qui n’aura été qu’une opération de communication pour le gouvernement, on nous a mis l’évidence sous le nez : il faut augmenter la CSG, l’impôt le plus rentable puisque son champ d’action étant quasiment à 360 degrés, rien ne lui échappe !
Que dire de plus ? Que depuis le changement de gouvernement, il ne s’est pas passé une semaine sans que l’on nous expliquât que chaque nouvelle dépense serait financée par la fiscalité. D’où ce constat alarmant (et le mot est sous-exploité !), en 2013 les impôts seront à leur forme maximum, comme jamais auparavant, même en 1981.
David Cameron aurait-il osé parler de ce que nous devons ignorer car encore sous le coup de la victoire rose et flamboyante ? Le laminage systématique des entreprises que le gouvernement va mettre à contribution pour financer ses quelques dizaines de milliers de postes de fonctionnaires et emplois aidés (et futurs électeurs bien sûr !) qu’il va créer, sans compter l’installation d’un pipeline plus gros pour alimenter les transferts sociaux, puisqu’il faut paraît-il assister davantage certains Français (et futurs électeurs encore !).
Et qu’importe si la rentabilité des entreprises françaises est au plus bas depuis le début de la crise (quelle crise ?), même les investisseurs étrangers commencent à bouder notre territoire, si le Royaume Uni est toujours leader sur ce terrain-là, nous venons de perdre notre 2ème place au profit de nos voisins allemands. Ce qui implique là encore une perte sèche en matière de créations d’emplois. Même pas grave pourra dire le ministre du Redressement, on les remplacera par des emplois aidés payés sur les deniers publics, et pour ce faire on créera de nouvelles taxes et de nouveaux impôts.
Il faudra plus qu’une union symbolique entre Castille et Leon comme au 13ème siècle pour que cette « Reconquête » remette l’Espagne dans le bon sens. Car le temps de l’Eldorado des années 80 qui coïncidait avec l’entrée au 1er janvier 1986 au sein de la CEE, est bien une histoire passée.
Du soleil et des hivers cléments, la mer des Pyrénées à Gibraltar et des programmes immobiliers aguicheurs, il n’en fallait pas davantage pour attirer les retraités des classes moyennes du nord de l’Europe qui se voyaient d’un coup aux portes de Santa Barbara. Et même si ce n’était pas tout à fait « Amour, Gloire et Beauté », nos « rombières » nordistes trouvaient de quoi faire cramer leur cuir jusqu’à pouvoir ressembler – de loin et de dos ! – à de jeunes nymphes cubaines à bon compte.
Et finalement tout le monde y trouvait son compte, les autochtones comme les nouveaux résidants. Bref, l’Espagne accueillit toute l’Europe en dézinguant des centaines de kilomètres de côtes pour y construire des immeubles tous aussi laids, et ce de Rosas à Malaga. Et comme le Nord avait de plus en plus de vieux à faire sécher au soleil des Costa Brava, Blanca et Del Sol, on a fabriqué encore plus de grues pour monter davantage d’immeubles, on tenait l’Eldorado par les deux poignées et on ne le lâcherait plus !
« La dette est un échec, le déficit c’est eux ! », combien de fois n’a-t-on pas entendu la ritournelle depuis des mois, depuis le début des hostilités électorales, la dernière livraison nous vient du maire de Paris Monsieur Delanoë, expédié dans les fossés de Vincennes pour soutenir son champion François Hollande. « Le déficit c’est eux », sous-entendu nous n’y sommes pour rien, la crise n’y est pour rien, le colossal poids des dépenses publiques n’y est pour rien, laissons croire qu’ils se sont mis l’argent des Français dans leurs poches, ça a déjà marché avec le bouclier fiscal pendant trois ans, trois années au cours desquelles on a fait gober aux gogos que les 650 millions du bouclier étaient responsables des 100 milliards des déficits : ils sont tellement cons qu’on va les enfumer comme les taupes au bout du champ !
Plus l’échéance présidentielle approche, plus les propositions de coercition fiscale se développent. Du « au-delà de tant je prends tout » aux 75% confisqués, en passant par les exilés que l’on compte arrêter à Varennes pour leur faire rendre gorge, chacun y va de son idée fumeuse, comme si nous avions besoin en France d’un échelon nouveau au matraquage fiscal.
Mais dans quel pays et à quelle époque nos chers candidats croient-ils vivre ? Il est vrai que le manque de courage pour les uns et l’idéologie marxiste pour les autres interdisent toute vérité, même bonne à dire : toutes ces mesures ne rapporteront, au mieux, que deux ou trois milliards alors qu’il faudrait en trouver cent !
Mettez dans une même salle, l’amphithéâtre de la Cité Internationale par exemple, Jacques Attali, Stéphane Soumier et Marc Touati, plus des spécialistes de la gestion de patrimoines privés et quelque 1200 personnes, forcément on va parler économie, dette, déficits, Europe, euro, commerce extérieur, investissements… bref, justement des sujets ô combien d’actualité en cette période de turbulences que traverse la zone euro.
Que pour nous mettre dans le bain à quelques jours de la rentrée le Président convoque son ministre de l’Economie et celui du Budget à Brégançon pour une partie de Monopoly pourquoi pas, mais qu’on nous fasse le coup de l’alerte à la bombe parce qu’il y aurait urgence à sauver le fond de commerce avec annonce médiatique genre cirque Pinder ce soir dans votre ville avec ses acrobates, ses jongleurs, ses fauves et ses économies drastiques sur le fil… de grâce, calmons nous. L’urgence ne date pas de cet été, elle a trente ans, trente années passées à dépenser sans compter l’argent qu’on gagne et celui qu’on ne gagne pas, l’argent des autres et l’argent de l’année prochaine. Dommage que ce cirque-là n’ait pas programmé les clowns, au moins on aurait fait rigoler les enfants.
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